‘Ça aurait pu être plus grave’ : le maire de Mazan banalise les violences subies par Gisèle Pelicot

Lors d'une interview sur la BBC, le maire de Mazan s'est exprimé à propos des viols subis par Gisèle Pelicot, minimisant leur gravité par des propos qui ont choqué.

Écrit par Camille Cortot le

Les yeux du monde sont rivés sur ce procès mettant en cause Dominique Pelicot, qui a drogué et violé sa femme pendant près de dix ans ainsi qu’une cinquantaine d’hommes accusés d’y avoir participé. Mais plus récemment, ce sont les propos du maire de Mazan qui s'est exprimé sur la BBC le 17 septembre, qui ont choqué : "Ça aurait pu être plus grave, il n’y a pas eu d’enfants impliqués, aucune femme n’est morte". 

Ces déclarations, loin d'être isolées, s'inscrivent dans un contexte plus large où les victimes de viol sont souvent dénigrées, leur parole remise en question et leur douleur minimisée. Ces propos sont l’exemple même de la persistance d’une culture du viol omniprésente, et rappellent la nécessité de lutter contre cette violence banalisée. 

Des propos alarmants

Le discours de l’élu a énormément choqué les internautes par sa violence et son mépris. Ces propos minimisent dangereusement les conséquences des viols qu’a subi Gisèle Pelicot pendant près de 10 ans.

Pour lui, aucun traumatisme sur le long terme ne peut exister, puisqu’elle n’était pas consciente : "Ce sera difficile pour la famille, mais ils pourront se reconstruire. Après tout, personne n’est mort". Avoir été violée par plus de 90 hommes tout en étant droguée par son mari, ce n’est pas assez grave pour en garder de lourdes conséquences selon le maire de Mazan. 

Louis Bonnet a également comparé la gravité des faits à une autre affaire, estimant que les viols subis par Gisèle Pelicot étaient moins graves que ceux d’une autre victime à Carpentras qui était consciente lors de l’agression. Complètement hors-sol, le maire de Mazan ne fait preuve d'aucune empathie pour la victime,s'inquiétant principalement de la réputation de son village.

Des propos propres à la culture du viol 

Ces propos sont propres à la culture du viol qui continue d’être perpétrée dans la société, notamment par des élus : le discours de ce maire, comme celui d’Emmanuel Macron - qui s’était dit “grand admirateur” de Gérard Depardieu, accusé de viol par plusieurs femmes - en sont l’exemple parfait. En minimisant le traumatisme d’une victime, en remettant en doute sa parole et en défendant les agresseurs, la société continue de laisser les hommes se comporter ainsi. 

Ce discours complètement déconnecté de la réalité devrait avoir fait son temps, pourtant il nous montre bien que la culture du viol est encore très ancrée et laisse les femmes victimes face à une société qui ne les aide pas. Gisèle Pelicot s’est d’ailleurs exprimée sur la difficulté du procès et des questions humiliantes de certaines avocates de la défense : “Je comprends que les victimes de viol ne portent pas plainte"

Les associations féministes se battent depuis des années pour changer cette culture du viol présente dans notre société. En France, la moitié des viols sont des viols conjugaux et 20% des hommes pensent que forcer sa partenaire à avoir une relation sexuelle, ce n'est pas du viol. C’est tout un système qu’il faut remettre en cause pour qu’enfin les violences sexuelles et les violences conjugales arrêtent d'être banalisées. 

Faut-il qu'une femme meure pour être entendue ? 

Les propos du maire mettent en lumière un autre fléau : les féminicides. À plusieurs reprises, Louis Bonnet a minimisé la gravité des faits, parce que finalement “personne n’est mort”. 

Faut-il qu’une femme meure pour être écoutée et prise au sérieux ? C'est toute la problématique des féminicides qui continuent de sévir en France : depuis le début de l’année, 102 femmes sont décédées sous les coups de leur mari ou ex-conjoint, laissant souvent derrière des enfants orphelins de mère. Pour plusieurs cas, les victimes avaient déjà porté plainte pour violence, ou s'étaient confiées sur ces problèmes.

Il y a un grand manque de moyen dans la prise en charge et l’aide des femmes victimes de violences conjugales, à qui le pire finit souvent par arriver. La banalisation des violences, le sexisme et le patriarcat, omniprésents dans les discours et dans les mentalités de notre société, contribuent à ces drames.

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