Le procès de Mazan questionne sur la culture du viol et de son omniprésence dans la société

Lors de la 7e journée du procès des viols de Mazan, une déclaration d'un avocat de la défense a fait l’effet d’une bombe : "il y a viol et viol". Une phrase qui a choqué l’audience et déclenché une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Retour sur cette affaire déjà très médiatisée.

Écrit par Camille Croizé le

C’était un de ces moments où tout bascule. Le procès des viols de Mazan, déjà sous haute tension, a pris une tournure encore plus dérangeante lors de la 7e journée (le mardi 10 septembre). L’un des avocats de la défense, représentant plusieurs accusés, a lâché une phrase qui ne laisse personne indifférent : "il y a viol et viol". La salle est restée bouche bée, tandis que la famille de la victime,Gisèle Pelicot, a exprimé sa stupeur et sa colère. 

En plein milieu de ce procès intense, où les accusations sont déjà lourdes, ces mots ont jeté de l’huile sur le feu. Pire, ils ont provoqué une vague de réactions sur les réseaux sociaux, entre incompréhension, indignation et colère.

Un procès de plus en plus compliqué pour Gisèle Pelicot

Depuis le début du procès des viols de Mazan, les choses ne se passent pas comme prévu pour la défense. La stratégie semble floue, les témoignages accablants, et l’opinion publique n’est pas du tout favorable aux accusés. Chaque nouvelle journée apporte son lot de révélations choquantes, et la défense se retrouve à devoir jongler entre justifications douteuses et attaques frontales contre les preuves présentées. 

L’avocat tente de trouver des failles, mais les vidéos retrouvées dans l’ordinateur de Dominique Pelicot, où les 51 accusés sont vus en train d'agresser Gisèle Pelicot, compliquent terriblement sa tâche. Et voilà que, lors de la 7e journée, les propos chocs de l’avocat viennent empirer la situation.

"Il y a viol et viol"

Mardi 10 septembre, en fin de journée, alors que l'audience touchait à sa fin, Me Guillaume de Palma décide de marquer un point… ou plutôt de creuser un fossé. Il déclare : "Il y a viol et viol". À ce moment-là, c’est comme si le temps s’était arrêté. Il poursuit en affirmant que, sans intention de violer, il n’y a pas vraiment de viol. 

Une explication qui n’a pas manqué de choquer les proches de la victime, déjà bouleversés par les révélations du procès. "J’ai honte de la justice" a déclaré la fille de Gisèle Pelicot. Pour l’avocat des accusés, l’idée est de faire comprendre que tous les viols ne sont pas égaux, comme s’il existait une nuance entre un acte de viol volontaire et un autre "non intentionnel". Une déclaration qui, au lieu d’apporter de la clarté à sa défense, a surtout jeté de l’huile sur le feu.

Une culture du viol omniprésente dans notre société

Le procès de Gisèle Pelicot, au-delà des accusations spécifiques portées contre les 51 accusés, est aussi le reflet d’une culture du viol profondément enracinée dans notre société. Ce procès met en lumière les mécanismes d’invisibilisation et de minimisation des violences sexuelles. 

Gisèle Pelicot devient le symbole de cette violence systémique, exposant la manière dont les professionnels de santé, les forces de l’ordre et les institutions ont failli à protéger les victimes. Le fait que les agressions aient été minutieusement filmées ajoute une dimension inédite au procès, offrant des preuves visuelles qui devraient théoriquement rendre impossible le déni. 

Pourtant, la réponse de la défense et les réactions dans la société révèlent à quel point les attitudes et les préjugés sont encore présents. Ce procès est un miroir des failles dans notre système de justice et de la nécessité d'une réforme en profondeur pour juger les violences sexuelles avec la gravité qu’elles méritent.

Les réseaux sociaux comme moyen de soutenir Gisèle Pelicot 

Comme souvent avec les procès très médiatisés, les réseaux sociaux n’ont pas tardé à réagir à ces propos polémiques. En quelques heures, les plateformes comme X (anciennement Twitter) ont vu apparaître une déferlante de messages de colère. Les utilisateurs dénoncent une banalisation du viol, certains allants jusqu’à dire que la justice ne protège pas assez les victimes. 

Des personnalités publiques et militantes pour les droits des femmes ont également pris la parole pour exprimer leur indignation face à cette vision réductrice du viol. L’argument de la défense, qui semblait viser à semer le doute sur la définition même du viol, a finalement renforcé un sentiment d’injustice dans l’opinion publique.

L’affaire Pelicot, déjà complexe et douloureuse, est devenue le symbole d’un combat pour que toutes les formes de violences sexuelles soient reconnues et condamnées, sans excuses ni nuances.

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Camille Croizé

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