Affaire Mazan : sur les réseaux sociaux, la sororité se met en marche

« Je choisirai toujours l’ours » : les femmes se mobilisent sur les réseaux sociaux pour soutenir Gisele Pélicot, victime de soumission chimique par son mari pendant près de 10 ans. Dans une vague de solidarité, elles expriment leur détermination à combattre les violences faites aux femmes afin que la honte change enfin de camp.

Écrit par Camille Cortot le

C'est une vraie vague de sororité envers Gisèle Pélicot à laquelle on assiste en ce moment sur TikTok. En France, mais aussi aux États-Unis, au Royaume-Uni et à travers le monde, les femmes lui témoignent tout leur soutien.

Victime desoumission chimiquepar son mari pendant près de 10 ans, Gisèle Pélicot a souhaité un procès public. En s'exposant ainsi, elle veut montrer que la honte doit passer du côté de l'agresseur et cesser de peser sur les victimes, souvent contraintes de se taire par culpabilité ou par peur de ne pas être crues. Ce soutien viral marque un mouvement de résistance face aux violences faites aux femmes.

Une vague de soutien à Gisèle Pélicot enflamme internet

Le courage de cette femme, qui a subi les pires horreurs pendant près de 10 ans par son mari, touche profondément la société. Nabilla Vergara par exemple avait lancé une cagnotte il y a quelques jours, et a recueilli plus de 40 000 euros en quelques heures pour aider Gisèle Pélicot à reconstruire sa vie. Cependant, Gisèle a demandé sa fermeture, souhaitant préserver la dignité et la sérénité des débats en cours au procès. La victime a tout de même tenu à remercier par la voix de ses avocats "toutes les personnes qui ont envoyé massivement du monde entier des témoignages de soutien".

L'ampleur de cette affaire est visible sur les réseaux sociaux, où des centaines de posts écrits par les médias sont partagés chaque jour.De nombreux utilisateurs relaient des messages de solidarité, appelant à la justice et à une prise de conscience collective face à cette affaire.

Ce soutien contribue à maintenir l'attention du public sur le procès tout en créant une communauté de soutien autour de la cause de Gisèle Pélicot. 

#jechoisislours : un hashtag devenu symbole de ralliement 

Le hashtag #jechoisislours, devenu viral il y a quelques mois, fait son grand retour dans le contexte de l'affaire Mazan. Plus actuel que jamais, il permet aux femmes d'exprimer leur peur face à la violence masculine de notre société. Dans de nombreuses situations, la présence d'hommes est perçue comme une menace et à raison.

Et les chiffres sont édifiants : selon une étude du Ministère de l'Intérieur en France, 96 % des auteurs d'agressions sexuelles sont des hommes et d'après une enquête Ipsos de 2023, 77% des auteurs d'incestes sont également des hommes. Aussi, 91% des viols ou tentatives de viols sont commises par des proches de la victime, selon un rapport de l'Assemblée Nationale datant de 2018.

Autant de chiffres qui montrent pourquoi les femmes choisiraient l'Ours plutôt que l'homme.

La honte doit changer de camp

Dans une société encore marquée par le patriarcat, les femmes sont souvent culpabilisées pour les violences qu'elles subissent. On leur fait croire qu'elles ont provoqué ces actes, que ce soit par leur comportement ou par leur apparence. Ce mécanisme de culpabilisation, profondément enraciné, fait des victimes de violences les premières à se remettre en question plutôt que de pointer du doigt les agresseurs.

Virginie Despentes, dans King Kong Théorie, explique comment les femmes sont maintenues, à cause du patriarcat, dans une position d'insécurité et de faiblesse : "Jamais semblables, avec nos corps de femmes. Jamais en sécurité, jamais les mêmes qu'eux. Nous sommes du sexe de la peur, de l'humiliation, le sexe étranger. C'est sur cette exclusion de nos corps que se construisent les virilités".

La honte ne doit plus peser sur les épaules des victimes. Ce n'est ni à cause de leur tenue ni de leur comportement que des violences surviennent, mais uniquement à cause de l'agresseur. Comme le dit Roxane Gay dans Bad Féminist "Nous devons enseigner aux hommes à avoir honte de leurs actes, plutôt que de blâmer les femmes pour leur propre victimisation".

Gisèle Pélicot, en refusant un procès à huis clos, offre à toutes les femmes un exemple de résistance. Elle incarne un refus collectif de la honte, qui doit désormais peser sur les agresseurs.

"Pas tous les hommes, mais toujours des hommes"

"Oui, mais pas tous les hommes" : une phrase plus qu'agaçante que beaucoup de femmes ont déjà entendue lorsqu'elles évoquent les violences sexuelles. Certes, tous les hommes ne sont pas des agresseurs, mais la majorité des agresseurs sont des hommes : c'est cette réalité qui doit être prise en compte.

Antoine Goretti est l'un des premiers tiktokeurs à avoir pris la parole sur l'affaire Mazan. Habitué à parler de problèmes de société sur son compte, il appelle les hommes à soutenir Gisèle Pélicot, en dénonçant le silence masculin qui règne autour des sujets touchant aux femmes.

Comprendre la peur des femmes plutôt que de déplacer le problème, les écouter et les soutenir, c'est ce qu'il faut pour faire évoluer les mentalités dans notre société.

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Femme|violence
Camille Cortot

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