Pourquoi sommes-nous particulièrement fatiguées au printemps ? Un expert répond

Aucune saison ne nous rend plus heureuses que le printemps... Et fatiguées, surtout. Pourquoi cette période est-elle synonyme d'épuisement ? Dans un entretien livré au Journal des Femmes, un expert nous explique les différentes causes de cette fatigue.

Écrit par Marie Ordioni le

En ce moment, la vie est belle. Le temps est bon. Les oiseaux chantent. Tout joue en faveur de notre humeur. En même temps, difficile de ne pas avoir le moral lorsqu’on se fait réveiller par les rayons du soleil qui transpercent nos stores, et que la température franchit enfin le crucial palier des 20 degrés. C’est le printemps, et comme tous les ans, il est synonyme de bonheur.

Mais pas d’énergie. Car si cette saison nous donne plus que jamais envie de bouger, elle ne nous fournit pas la force dont on a besoin pour y parvenir pour autant. Au contraire. Ces derniers temps,on se sent particulièrement fatiguées. Chaque journée est une épreuve. Chaque réveil, un combat. On enchaîne les activités sans ne jamais réellement avoir les batteries rechargées… Jusqu’à épuisement.

Mais pourquoi sommes-nous autant fatiguées au printemps ? C’est la question à laquelle répond le professeur Damien Davenne, spécialiste en chronobiologie à l'Université de Caen. Interrogé par le Journal des Femmes, il nous fait l’addition des différents facteurs de fatigue de la saison.

Moins de sommeil

Avant même que les températures aient osé augmenter, l’arrivée du printemps est, dans un premier temps, signifié par le rallongement des journées. Jusqu’au 21 juin, le soleil se couche de plus de plus tard. C’est pourquoi, à partir du mois d’avril - après le changement d’heure -, on a le plaisir de goûter aux joies des nuits qui ne débutent pas avant 20 heures.

Dès lors, notre horloge interne passe à l'heure d'été : psychologiquement, on n’a pas envie de dormir tant qu’il fait encore jour. On est plus éveillées, et l’heure à laquelle on se couche est ainsi repoussée. "Le printemps est associé à des changements de luminosité qui ont un impact considérable sur notre horloge biologique centrale et par conséquent, sur nos rythmes circadiens. Tout bouleversement demande de l'énergie à l'organisme pour s’adapter.", explique l’expert.

Ce bouleversement peut bousculer la qualité de notre sommeil. "Les jours rallongent, l'envie de dormir diminue et les réveils nocturnes sont plus fréquents. Si ces petites insomnies ne sont pas graves, elles peuvent entraîner un peu de somnolence diurne (la journée, ndlr), d'où la sensation de fatigue.", continue-t-il. Durant cette période, on multiplie les nuits agitées, et manque énormément de sommeils réparateurs.

Plus d’activités

On commence donc la journée du mauvais pied. On ne l’a pas encore entamée que l’on n’est déjà pas en mesure de l’assumer. Pourtant, il faut avoir des épaules pour supporter un programme aussi chargé. Travail, sport, apéro… Un quotidien bien rythmé. Car le printemps est aussi le moment de rattraper le temps perdu. L’occasion de faire tout ce que l’on a délaissé tout au long de l’hiver pour rester enfermées chez nous, emmitouflées dans un plaid. Il peut s’agir de nos afterworks en semaine comme de nos footings du dimanche. Qu’importe : le fait est que l’on a à nouveau envie de bouger.

Et cette addition d’activités n’est évidemment pas non plus sans conséquences. "L'envie de bouger augmente, surtout l'activité en extérieur, et la dépense énergétique associée peut provoquer de la fatigue. Les emplois du temps se surchargent. En sortant de l'hiver, on a envie de rattraper le temps perdu. Les tâches se sont accumulées et doivent maintenant être accomplies (comme par exemple le jardin) sinon il sera trop tard. Cette augmentation brutale de l'activité fatigue le corps qui a du mal à s’adapter.", poursuit le professeurDamien Davenne.

Une question d’adaptation

Le résultat ? Une certaine fatigue chronique. Mais l’expert nous rassure : celle-ci peut-être maîtrisée. Avant tout en ce laissant du temps, puisque notre corps a besoin de s’adapter à ce changement d’heure et de saison. Petit à petit, il va naturellement prendre ce nouveau rythme. Notre sommeil va se régulariser et nos troubles, diminuer. Néanmoins, pour certaines d’entre nous, la nuit peut ne pas suffire : "la sieste" peut alors être "un remède efficace", conseille le professeur. Il préconise également de nous exposer à la lumière du jour dès le réveil, et de la tamiser le soir, avant de se coucher. Ces habitudes vont nous aider à nous régler sur la fréquence saisonnière.

Bien qu’existante, la fatigue printanière est tout de même moins puissante que celle d’automne. "Il n'y a d'ailleurs pas de dépression saisonnière à cette saison.", termine l’expert. Voyons toujours le verre à moitié plein : c’est le printemps, et comme tous les ans, il est synonyme de bonheur.

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Marie Ordioni

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