Mode : Pourquoi le défilé Vogue World est un défilé important ?

Le rendez-vous était donné Place Vendôme, pour un défilé brandé Vogue World qui a tenu toutes ses promesses. Retour sur l'évènement qui a marqué - au fer rouge - la Fashion Week parisienne (et peut-être même l'histoire de la mode).

Écrit par Juliette Gour le

Avons-nous eu une cérémonie d'ouverture des JO un mois avant la date butoir ? Dimanche 23 juin, Condé Nast présentait, sur la très chic place Vendôme, l'un des plus beaux défilés de ces dernières Fashion Week. Si le lieu et les invités - de marque - n'ont fait qu'ajouter de la superbe à ce show dantesque, ce que l'on relève surtout, c'est le talent de Carine Roitfeld - ancienne rédactrice en chef de Vogue (feu Paris) France - pour la mise en scène. 

Ce défilé n'est pas sans en rappeler un autre, celui que Monsieur St Laurent avait offert au monde pour la finale France-Brésil de 98. Sur la pelouse du Stade de France, le roi de la couture parisienne avait réuni 300 silhouettes qui montraient au monde entier toute la superbe de la création française - celle que l'on nous jalouse tant. Comme quoi, mode et sport ont toujours fait bon ménage et Anna Wintour nous l'a une nouvelle fois prouvé avec le défilé Vogue World. Plus qu'une simple présentation d'archives, le show était surtout à but caritatif. Une partie des recettes est destinée au Secours Populaire.

Évidemment, les silhouettes étaient splendides, les mises en beauté divines et la cabine était remplie des plus beaux mannequins du monde. Mais plus qu'un défilé de mode, ce que Vogue World nous a offert, c'est une célébration de la France sous toutes les coutures. Symboles après symboles, clins d'œil après clins d'œil, les équipes de la bible de la mode ont célébré tout ce que notre pays a fait de mieux : des toilettes d'exception et des sportifs de haute voltige. 

Retour sur les temps forts de ce défilé évènement.

L'art et la manière de mélanger les genres

Il fallait s'y attendre, les équipes du Vogue ont avant tout misé sur la surprise. En ouverture, pour accompagner les looks d'archive Chanel, nous avons eu droit à Aya Nakamura, divine dans une silhouette Gaultier. Si sa participation à la cérémonie d'ouverture a vivement été critiquée, la mode lui ouvre grand les bras en lui offrant une place de choix dans ce défilé historique. S'en est suivi Keiona, gagnante de la saison deux de Drag Race France et Bad Bunny, qui a transformé la très chic Place Vendôme en club à ciel ouvert, avec des danseurs loin d'être fâchés avec le twerk. Un mélange des genres donc, mais qui a permis de créer un spectacle unique.

Idem sur le catwalk, les silhouettes - d'ordinaire plutôt squelettique chez les grandes maisons parisiennes - étaient toutes différentes, tout comme les ethnies des mannequins. Il paraît essentiel de saluer le casting de la cabine, tant il y a eu un effort de fait sur la représentation : tous les continents étaient présents, ainsi que toutes les carnations de peau... Ce n'est finalement ni plus ni moins que la célébration de toutes les beautés, de la diversité et des influences venues sur monde entier.

Un défilé avec des symboles par milliers

Difficile de ne retenir qu'un seul temps fort de ce défilé : de Gigi Hadid et Kendall Jenner rendant hommage à la maison Hermès, en passant par Sabrina Carpenter - icône du moment - se la jouant Brigitte Bardot moderne, il y aurait tant à dire sur le show. Mais l'image que l'on retient, c'est peut-être celle du final, qui a laissé la part belle au meilleur du sport Français. En clôture, Vogue nous a servi deux sportifs de talent, Victor Wembanyama et Marie José Perec, drapée dans un drapeau Fraçais et chaussée d'une paire de Carel. Une image forte par les temps qui courent : mettre en avant deux sportifs noirs, alors que la politique penche à l'extrême, c'est l'une des plus belles façons de célébrer la beauté de la diversité et le talent de ces sportifs à la réputation mondiale.

Une fois de plus, la mode prouve qu'elle peut faire passer des messages tout en élégance. Précédant l'apparition des deux sportifs français, Serena et Vénus Williams ont elles aussi foulé le catwalk. Les deux sœurs, victimes de racisme tout au long de leur carrière, étaient présentées en reines conquérantes, montrant fièrement qu'elles sont bien plus fortes que toutes les remarques qu'on a pu leur faire.

On ne peut évidemment pas mettre de côté les multiples références au sport et la mise en lumière des talents français. Danseurs, gymnastes, escrimeurs, judokas, footballeurs... Les espoirs du pays étaient tout autant mis en lumière que les mannequins. Un immense melting-pot dont tout le monde est sorti vainqueur, qui restera longtemps dans les mémoires.

La célébration de la mode, mais pas que

Bien sûr, ce défilé était avant tout une célébration du patrimoine de la mode parisienne et du pays qui a inventé la Haute Couture. Les représentants de toutes les maisons de Paris étaient d'ailleurs présents, dans leurs blouses blanches impeccables, pour admirer quelques-unes des plus belles archives de l'histoire de la mode. De Chanel à Balenciaga en passant par Jean Paul Gaultier ou encore Christian Dior, les invités du show ont pu admirer quelques-unes des plus belles archives du pays.

Si beaucoup ont crié au scandale face à ce défilé gargantuesque, pointant du doigt le déballage d'opulence dans une période plutôt trouble, il semble nécessaire de rappeler quelques points essentiels. Célébrer la mode à Paris (et en France) aura toujours du sens, tout simplement parce que c'est une industrie qui représente presque 2% du PIB du pays et qui emploie quelque 620 000 personnes sur l'ensemble du territoire (IFM 2018). Plus qu'une question de patrimoine, la mode est une industrie essentielle pour le pays, qu'il semble nécessaire de mettre en lumière. Au-delà de l'aspect économique, il semble également pertinent de rappeler que la mode a toujours été un subtil moyen pour faire passer des messages : des féministes qui brûlent des soutiens-gorge aux punks qui se promenaient en jupe, la mode n'a jamais manqué de dimension politique.

Ce défilé, aussi outrecuidant soit-il, reste cependant l'un des plus bels hommage fait au patrimoine sportif et culturel de la France. Une véritable cérémonie d'ouverture des JO avant l'heure finalement. C'est d'ailleurs à se demander si le Comité Olympique fera aussi bien... Réponse le 26 juillet.

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