Interview : Comment Elise Chalmin dessine la mode de demain ?

Pour ce nouveau numéro de Mode de demain, nous accueillons Élise Chalmin qui va nous parler de sa marque responsable Elise Chalmin. Au programme : de beaux vêtements durables et une créatrice pétillante !

Écrit par Ninon L'Hostis le

Le vent tourne...

Sentez-vous ce petit air de fraîcheur ? La météo tendance est formelle ! C'est la tornade mode responsable et durable qui va envahir la fashion sphère. Alors, mieux vaut se préparer pour éviter de s'enrhumer et de finir avec une fièvre acheteuse tout sauf saine, tant pour notre compte en banque que pour notre planète.

Dans ce rendez-vous green, La Mode de Demain vous fait découvrir des marques de mode écoresponsables qui promettent de vous faire craquer par leurs engagements durables et éthiques pour la planète, les conditions de travail, l'environnement, bref, des marques vertes et fascinantes à souhait ! Leurs créations de vêtements sont à tomber et leurs confections transparentes !

Ce sont des marques éthiques à connaître, avec des démarches responsables et durables qui méritent d'être célébrées, tout autant que leurs pièces canon qui complètent nos looks à la perfection. C'est par leurs engagements, leur philosophie, leur vision, sans oublier leurs vêtements que ces marques s'imposent comme des pépites à suivre pour en finir une bonne fois pour toutes avec la fast fashion et enfin se mettre à la mode durable et écoresponsable.

Aujourd'hui, nous sommes partis à la rencontre d'Élise Chalmin, créatrice de la marque Elise Chalmin. C'est avec gentillesse qu'elle a décidé de répondre à nos questions sur elle et son entreprise. Loin d'être un projet facile, Élise a fondé sa propre marque de vêtements intemporels. L'idée de transmission et de qualités des matières est au cœur de la fabrication de ses pièces.

Partez avec nous à la rencontre d'Élise Chalmin et laissez-vous charmer par une marque colorée et pétillante

Enjoy,

Les Éclaireuses

Les Éclaireuses : Bonjour Élise, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Élise Chalmin : Je m'appelle Élise Chalmin, j'ai 31 ans et j'habite à Paris. Je suis la créatrice de la marque Elise Chalmin, une marque de prêt-à-porter féminin, imprimé et coloré. On est une équipe entre cinq et dix personnes, ça dépend des moments de l'année. En ce moment, on est cinq. Moi, jem'occupe de dix trucs différents (rires), mais beaucoup de la création et des imprimés.

Les Éclaireuses : À quelle période et à quel endroit avez-vous décidé de créer votre marque ?

Élise Chalmin : C'était mon projet de diplôme quand j'étais à l'école. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire et moi j'étais en illustration. Ma licence s'appelait Illusration and Visuals Medias à Londres et c'était vraiment très large. Il y avait des gens qui faisaient de la photo, des costumes, du graphisme ou des collages. 

En dernière année, on devait créer un projet nous-mêmes. Moi, j'ai commencé à faire des imprimés que j'ai commencé à mettre sur toutes sortes  d'objets. Comme si j’avais créé une marque de mode avec un logo, un site Internet et une petite collection. J’ai fait une vidéo par produit et un shooting avec un univers différent pour chaque produit.

Quand j'ai été diplômée, je savais que je voulais travailler dans le vêtement, mais je n’ai jamais fait d'école de mode. Du coup, j’ai fait un stage chez Armand Ventilo, une marque qui n'existe plus, mais qui était très jolie avec beaucoup d'imprimés et de broderies. C'était magnifique ce qu'ils faisaient.

Après j’ai fait un stage chez Maison Standards, qui est à l'opposé de mon univers graphique et visuel. Au bout d'un mois, je me suis dit que je voulais faire mon projet et je suis partie. Ce n'était pas très sympa. Je réalise que si j'avais une stagiaire qui partait au bout d'un mois, ça m'énerverait beaucoup (rires). Mais j'avais 23 ans et je ne m'en rendais pas compte.

En parallèle, je faisais déjà mon projet et je recevais des commandes sur mon site Internet. J'étais débordée le soir à devoir fabriquer mes pièces. J'avais plein d'invitations pour faire des pop-up de Noël. J'ai produit 200 pochettes et ça a super bien marché. À ce moment-là, j'ai beaucoup contacté la presse et il y avait beaucoup moins de marques qu'aujourd'hui (en 2014). Il y avait plus de place pour parler des projets et j'avais des articles dans la presse. C'était hyper nouveau et spontané. Les journalistes ont parlé du projet et j'ai eu beaucoup de visibilité.

Les Éclaireuses : Pourquoi être partie sur une marque durable plutôt qu'une marque traditionnelle ?

Élise Chalmin : Le but n'était pas de partir sur une marque de vêtement durable. Je n'avais jamais eu trop envie d'utiliser des matières synthétiques parce que je n'aime pas ça. On a toujours fait des jupes en coton mis à part une fois, il y a longtemps. Aujourd'hui, on construit une collection de manière complètement différente. On dessine d'abord ce qu'on veut et Jenifer, qui s'occupe de la production, source la matière en fonction de ce que l'on a imaginé.

La volonté n'était pas d'être durable à la base, mais d'avoir des collections qui se transmettent de génération en génération avec des formes simples et intemporelles. On fait attention aux matières qu'on utilise parce que c'est important d'avoir de la qualité. Le prix est entièrement justifié par la qualité des matières et les conditions de fabrication.

Les Éclaireuses : Quels sont les engagements éthiques dans la conception de vos pièces ?

Élise Chalmin : Nous, ça va vraiment être le fait que l'on utilise des matières naturelles dans nos pièces, à 90 %. Parfois, on peut se dire que c'est plus facile d'utiliser des matières synthétiques, mais ça ne va pas avec les engagements de la marque. Après, on fait tout en Europe. Avant, on a essayé de faire tout en France, mais on a arrêté car c'était injouable financièrement.

On travaille avec une usine presque familiale. Ce ne sont que des femmes, elles se connaissent toutes et travaillent ensemble depuis des années. On a un super contact. Lorsqu'on est allé les voir, elles nous ont fait visiter la ville et on a dîné ensemble. C'est un partenaire de confiance. L'usine a une échelle complètement humaine, elles sont 20 dans l'atelier à peu près. La production est quasi artisanale (en Bulgarie).

Les Éclaireuses : Quels sont les avantages et les inconvénients d'une marque durable ?

Élise Chalmin : Le premier avantage c'est que l'on est très fier de ce que l'on fait. Le deuxième avantage, c'est que les clientes savent exactement ce qu'elles achètent chez Elise Chalmin. L'inconvénient, c'est le fait de ne pas pouvoir faire ce que l'on voudrait à cause des matières qui ne rentrent pas dans nos cahiers des charges. Par exemple, on ne va pas faire des leggings à cause des matières. Après, il y a plein de matières qui commencent à voir le jour. 

Les Éclaireuses : Élise, quelle est la pièce favorite de votre collection ?

Élise Chalmin : On est entre deux collections en ce moment. Je réfléchis parce qu'à chaque fois que j'essaie une pièce, je dis que c'est ma préférée. J'adore le manteau qui va sortir dans deux semaines. J'aime aussi le pantalon Auguste, la coupe est trop belle et va à tout le monde. J'aime également la jupe Margaux et la blouse Agnès.

Les Éclaireuses : En tant que créatrice, comment vous voyez l'avenir de la mode ?

Élise Chalmin : Je pense que ça va bouger, il va y avoir un petit tri et tant mieux ! Je trouve que c'est super difficile de faire de la mode aujourd’hui surtout quand on parle de sauver la planète. Faire des vêtements c'est presque antinomique au sauvetage de la planète. Ce qu'on se dit quand on fait des vêtements, c'est qu'on les fait bien. C’est-à-dire fabriquer des vêtements qui ne vont pas tuer des poissons lorsqu'on va les mettre à la machine. Je trouve que ça devient catastrophique le nombre de marques qui naissent tous les jours, qui vendent des vêtements cent pour cent polyester et qui sont fabriqués au bout du monde et vendus à trois euros quatre-vingt-dix.

Je pense que la seconde main va prendre de plus en plus de place. D'ailleurs, c'est déjà le cas. Nous, il va falloir qu'on s'adapte. Peut-être réfléchir à créer une partie de seconde main pour récupérer nos pièces et les vendre. Des pièces qui sont de qualité et qui coûtent cher, ce sont des pièces que l'on va garder. J'espère qu'on va revenir à ces modèles-là même si j'ai totalement conscience que ce n'est pas adapté à tous les budgets. La seconde main est géniale pour ces raisons ! Acheter un t-shirt dans une friperie plutôt que de l'acheter chez Zara, c'est donner une seconde vie à quelque chose.

La nouvelle collection d'Elise Chalmin est disponible aujourd'hui sur Elise Chalmin.com

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Ninon L'Hostis

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