Le grandiose est (enfin) de retour dans la mode

Adieu la discrétion, bonjour l’excès. Après des saisons sous le signe du minimalisme, la mode renoue avec l'opulence, les silhouettes XXL et l’exubérance. Et franchement, ça fait du bien.

Écrit par Juliette Gour le

Au revoir le Quiet Luxury et autre "very demure, very mindful" fashion. La semaine de la mode vient de toucher à sa fin à Paris et les modeux de France et d'ailleurs sont rassurés : le grandiose est de retour. Cette saison, on a vu du (très) beau et on salue le retour de cette mode qui nous donne envie de rêver. C'est comme si l'hiver prochain marquait un renouveau ou le début d'un nouveau chapitre, qui nous pousse à en faire toujours plus, jamais moins.

Pour la saison prochaine, on a des envies de belles choses, de vêtements très structurés, d'épaules démesurées, de cuissardes outrancières et de franges du soir au matin. Oui, la mode se veut tout sauf discrète et on adore l'idée... Parce qu'avec un quotidien de plus en plus terne, il serait dommage de se priver d'un peu de folie, non ?

Le nouvel âge d'or de la fashion ?

InStyle le criait déjà haut et fort en octobre dernier : on est en train d'entrer dans un nouvel âge d'or, avec une mode toujours plus voyante. Malgré les micro trends éphémères, l'industrie semble avoir trouvé une nouvelle arme : l'opulence. Et finalement, c'est assez logique, pour faire parler, il faut être vu. C'est valable pour les marques, comme pour les célébrités. Dans un monde où le personnal branding et les likes définissent la valeur d'une personne, ce n'est pas étonnant de voir l'extravagance faire son retour : les esthétiques sont de plus en plus lisses (et beige) et si on veut se faire remarquer, c'est plus facile avec une veste en fourrure rose.

Il y aurait également un aspect plus mercantile derrière ce retour au grandiose. Avec la récession et l'inflation, il faut proposer du (très) beau et de l'unique pour séduire la clientèle. Le basique (simple) c'est idéal pour les classes les plus populaires, mais les consommateurs du luxe veulent de l'excentrique pour marquer leur différence. Exit donc le pull beige et bonjour la jupe en cuir cloutée, c'est certes moins élégant, mais ça se remarque plus.

Mais remettre le rêve au goût du jour dans la mode peut également être motivé par une envie de réenchanter le quotidien, en faisant rêver les amoureux du vêtement ou en leur donnant envie d'affirmer leur personnalité avec une pièce forte et unique. Plus qu'une tendance donc, la mode nous invite à plus d'individualisme et il n'a jamais été aussi tentant de porter une veste avec des épaules XXXL.

Un vent de nouveauté lié au mercato des directeurs artistiques ?

Pour certains, cette volonté d'apporter du neuf est également liée au jeu des chaises musicales des directeurs artistiques. En moins d'un an, toutes les têtes d'affiche des maisons de couture ont changé : Sarah Bruton est arrivée chez Givenchy, Alessandro Michele chez Valentino, Haider Ackermann chez Tom Ford... Les nouveaux arrivants ont envie de marquer les esprits et n'hésitent pas à mettre les petits plats dans les grands pour leur première collection.

Idem pour les départs, les artistes aiment quitter la scène avec les honneurs et s'offrent généralement un merveilleux dernier tour de piste. C'est le cas par exemple de l'ultime collection de Donatella chez Versace, subtilement inspirée des archives de la maison et pensée comme un hommage à tous les codes de la marque.

Maxi dressing pour gérer des maxi angoisses

Derrière ses airs de grande fête, le maximalisme traduit une vraie envie de voir la vie du bon côté. Une échappatoire face aux angoisses du monde (Troisième Guerre Mondiale comprise). Cette tendance pourrait être le résultat d'années marquées par la pandémie, l'incertitude économique et les tensions politiques.

Ce n'est pas la première fois dans l'histoire de la mode que le vêtement vient en réponse à des inécurités sociétales. Dans les années 80 par exemple, la taille des épaulettes était directement corrélée à la montée du chômage et des insécurités.

Ce qui est frappant, c’est que ce retour du grandiose va de pair avec un rejet des esthétiques jugées "ennuyeuses" ou "trop neutres". Il suffit de voir l’essor des tendances comme le miximalisme façon Blumarine, Diesel ou Balenciaga, tout semble nous dire : l’époque est morose ? Affichons notre exubérance.

"La mode est une fête et le vêtement en est l’invitation" disait Yves Saint Laurent

Tagwalk a fait les calculs et les résultats sont unanimes : l'hiver prochain sera marqué par trois grandes tendances majeures. En premier, on a les franges (aperçues chez Simone Rocha), vient ensuite le tailoring (vu chez Acne Studio) et le cuir partout (comme chez Balmain).

Côté couleurs, on veut du vif et de l’audacieux : exit le kaki et le sable. On note également le retour des accessoires XXL, de la fourrure (à toutes les sauces) et des jupes midi, délicieusement chic.

Plus globalement, ce que l'on retient, c'est surtout que la mode a envie de renouveau, de New York à Paris.

"La mode est une fête et le vêtement en est l’invitation" disait Yves Saint Laurent

Plus que jamais, ces collections nous donnent envie de célébrer chaque jour à coup de chaussures étranges et autres silhouettes radicales. La bonne nouvelle, c'est qu'on peut déjà adopter le grandiose au printemps. Comment ? En misant sur quelques tendances clés. En vrac, on retrouve les silhouettes asymétriques, les robes frangées, transparentes, courtes ou longues, dans des tons de pastel.

Du côté des accessoires, on mise sur les cabas XXL, les paillettes à foison et tout ce qui peut rendre votre silhouette irrésistible. Le seul mot d'ordre, c'est finalement de s'amuser et de s'autoriser à explorer ses envies. Après tout, ça sert surtout à ça la mode.