Est-ce que nous mangeons en trop grande quantité ?
C'est un fait, près d'un Français sur 2 est aujourd'hui en surpoids ou obèse. Près de 30% de la population est aujourd'hui concernée par les problèmes liés à leur poids. Les causes de cette augmentation ? Elles sont certes multiples, mais peuvent bien se cacher dans nos assiettes...
Écrit par Juliette Gour le
Depuis les années 60, on note une réelle augmentation des cas de surpoids et d'obésité dans la population (que ce soit en France ou à l'internationale). En 8 ans, le nombre de cas d'obésité chez les 18-24 ans a doublé. Si le surpoids et l'obésité ont des causes multifactorielles, il est tout de même important de nous tourner vers le contenu de nos assiettes (et sur notre dépense énergétique quotidienne).
C'est un fait, nous mangeons beaucoup et même presque trop. En moyenne, un Français mange l'équivalent de 1270kg de nourriture par an, c'est presque 400kg de trop selon les professionnels de l'alimentation. Encore plus affligeant, aujourd'hui, il y a plus de personnes sur terre qui souffrent de maladies liées à la suralimentation qu'à la dénutrition.
Il y a donc un réel problème de composition des assiettes basé sur deux facteurs essentiels : la quantité de nourriture et la provenance de cette nourriture.
Voici pourquoi il est essentiel de réduire les quantités de nourriture que nous avalons.
Enjoy,
Les Éclaireuses
Sommes-nous "drogués" à la nourriture ?
Le plus grand changement qu'il y a eu dans notre alimentation dans ces 50 dernières années, c'est l'avènement du "tout prêt". Avant les années 60, le français moyen consommait globalement un produit neutre, qu'il transformait lui-même en le cuisinant. Mais, dès 1960, on remarque l'introduction de nouveaux aliments dans les repas quotidiens des Français : des pâtisseries industrielles, des confiseries raffinées, des plats préparés, une multitude de nouvelles céréales, des quantités supérieures de viande, charcuterie et poisson... L'alimentation classique a largement été élargie et enrichie, en bien comme en mal. De nouvelles habitudes de consommation sont arrivées dans la vie des Français, impactant au passage leurs habitudes alimentaires.
Autre raz de marée dans l'alimentation des Français, l'arrivée de la junk food sur le territoire. C'est en 1979 que le premier McDonald's ouvre ses portes, marquant le début d'une nouvelle aire dans le pays de la gastronomie. Fini les repas à rallonge, place aux déjeuners pris sur le pouce.
La question qui se pose à présent est la suivante : est-ce que l'arrivée de ces nouveaux aliments ne nous a pas drogués à la nourriture ?
La question est légitime, car s'il y a bien un facteur commun entre les aliments préparés, raffinés et issus de la junk food, c'est bien leur taux de transformation. Si, pendant longtemps, nous avons fait la guerre au sucre en pensant que c'était lui le grand méchant de l'alimentation, des entreprises comme SIGA prouvent par A+B que ce n'est pas tant le sucre ou le sel contenu dans un aliment qui est mauvais, mais bel et bien son taux de transformation. Et plus un aliment est transformé, plus il a un impact négatif sur notre santé, en plus de créer des addictions et des accoutumances (par exemple, il est tout à fait possible de développer une réelle addiction au sucre).
Une alimentation qui perturbe l'appétit
Maintenant que l'on a identifié le grand méchant de notre assiette, il est temps de se pencher sur la question des portions (spoiler, les deux aspects sont directement liés). Et si, au fil du temps, on avait fini par développer une addiction à la nourriture (ou au fait de manger) ?
Les aliments transformés auraient tendance à créer une accoutumance et à nous pousser à nous remettre à table plus souvent et en plus grosse quantité. Souvenez-vous du documentaire de Morgan Spurlock, Supersize Me. Pendant 1 mois, le vidéaste avait essayé de ne manger qu'au McDonald's. Très rapidement, il avait remarqué des réflexes addictifs vis-à-vis de la nourriture : il était irrité lorsqu'il n'avait pas mangé, ressentait physiquement le manque et n'était apaisé que lorsqu'il mangeait à nouveau un burger.
Si l'exemple a été prouvé avec de la malbouffe, ce n'est pas pour autant que ce n'est pas comparable avec l'ensemble des produits alimentaires industriels.
Ce que nous mangeons vient donc directement perturber notre rythme alimentaire, nous poussant à manger toujours plus, toujours plus sucré et toujours plus gras. Si les comportements obsessionnels liés à la nourriture sont loin d'être une nouveauté, on remarque depuis plusieurs années que la nourriture est devenue quelque chose de central. Le "comfort food" est devenu la norme.
Manger pour se faire du bien, combler un vide ou comme marqueur social ?
Cela n'a échappé à personne, dès que l'hiver arrive, tout le monde semble avoir une obsession maladive pour la raclette (ou la fondue). Le plat suisse (ou savoyard on ne sait toujours pas) a gagné en popularité depuis quelques années, devenant même une étape incontournable d'un hiver réussi. Il représente parfaitement ce principe de "comfort food" : du fromage, de la charcuterie et des patates en quantités gargantuesques, le tout sans culpabilité et accompagné d'un verre de vin ou deux.
S'il n'y a évidemment aucun mal à se faire plaisir avec un repas un peu riche de temps en temps, cette obsession pour ce plat d'hiver traduit un réflexe légèrement inquiétant : sommes-nous en train de guérir l'ensemble de nos frustrations dans la nourriture ? Est-ce que le fait de se remplir la panse nous permet de combler un vide ou de faire taire les angoisses ?
C'est une question que l'on est en droit de se poser tant le sujet de la nourriture est devenu central, partout, tout le temps. Internet pullule de mèmes qui traitent de nourriture, les vidéos foodporn explosent les compteurs et, depuis le confinement (où l'on n'avait rien d'autre à faire que manger), les gens ne cessent de se prendre de passion pour la cuisine.
Nous mangeons donc pour combler un vide, nous cuisinons pour gagner de la fame et nous nous goinfrons entre amis pour prouver que l'on passe un bon moment. Voici le schéma dans lequel on se trouve aujourd'hui en France (et ailleurs).
Mais dans les faits, qu'est-ce qu'il faudrait réellement manger ?
Dans un premier temps, il est essentiel de se pencher sur les quantités de nourriture présentes dans les assiettes. Une étude datant de 2016 prouve que les portions généreuses nous poussent à manger plus sans nous en rendre compte. Le premier point consiste donc à mettre moins de nourriture dans les assiettes. Comment ? En réduisant la taille des assiettes ou en mangeant dans les bols. Attention, le but n'est pas de s'affamer mais plutôt de reprendre un rythme alimentaire normal.
Pour ce qui est des quantités, selon l'OMS, un adulte devrait consommer 400g de fruits et légumes par jour, seulement 50g de sucre (au maximum), moins de 5g de sel, 100 à 120g de viande et seulement 30% de l'alimentation doit être composée de matières grasses. Le tout, sans produits transformés ou sauce industrielle qui viendraient enrichir les repas.
Le fait de prendre des repas à table et à des heures similaires permettra également d'influer sur la notion de satiété. Le but étant de retrouver un vrai rythme alimentaire, il est important de se tenir à une certaine routine pour réhabituer le corps à manger normalement.
Attention, cela ne veut pas dire que les repas joker ne sont pas autorisés ! Loin de là ! C'est justement un luxe que l'on peut se permettre lorsque l'on a une alimentation saine : un repas joker bien riche et bien gras qui ne viendra pas tout perturber (et qui ne fera pas culpabiliser).
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Souvent loués pour son impact moindre sur l'environnement, est-ce que les régimes végétariens sont l'avenir de l'alimentation ? La richesse des légumes est certes moindre comparé à une côte de bœuf (quoi que, tout dépend si vous cuisinez au beurre, à l'huile d'olive ou à la vapeur) mais une alimentation en végétarienne n'est pas forcément synonyme d'alimentation ultra-saine. De nombreuses questions gravitent autour des viandes de synthèse et autres galettes végétales qui restent des aliments transformés et donc riches en sels ou en acides saturés.
Cependant, même si le végétarianisme n'est pas la solution miracle, en 2019, on notait une réelle évolution dans la consommation moyenne de fruits et légumes en France. Les Français semblent donc concernés par la qualité de la nourriture qu'ils ingurgitent. En 2020, une enquête IFOP révélait que près de 25% de la population française se considérait a minima comme flexitarienne. Cette évolution dans les modes de consommation tend à prouver que les habitudes alimentaires sont réellement en train de changer. Cependant, il faut bien garder à l'esprit qu'un régime végétarien ou végan n'est pas forcément plus sain. Viande ou pas, produit laitier ou non, l'équilibre alimentaire et la taille des portions reste essentielle pour maintenir une alimentation adaptée.