Certaines sportives ont dû ouvrir une cagnotte pour participer aux Jeux olympiques de Paris 2024

Si Paris 2024 pose de nombreux problèmes pour les Français, elle en pose également pour les athlètes, en particulier les femmes. Ces dernières se retrouvent à ouvrir des cagnottes pour financer leur participation... Oui, le sport féminin va mal.

Écrit par Alice Legrand le

À l'approche des Jeux olympiques de 2024 qui se dérouleront à Paris, de nombreuses questions se posent et plusieurs polémiques ont déjà eu lieu. Les Français en sont persuadés : le pays n'est pas prêt à recevoir une telle compétition. Et nombre d'entre eux sont donc dans l'optique de quitter la capitale du 26 juillet au 11 août.

Entre les étudiants qui sont virés de leurs logements Crous (en échange de 100€ et d'un billet pour assister à une épreuve), les bouquinistes que l'on délocalise des quais de Seine, les transports dont les prix vont drastiquement augmenter cet été ou encore l'augmentation incroyable des prix des hôtels et du prix des loyers pendant la compétition... Les interrogations sont nombreuses pour les habitants de la capitale.

Mais pas que ! Les sportifs eux aussi se retrouvent dans l'incertitude. En particulier (encore une fois) les femmes qui, devant le manque de reconnaissance de leur sport, se retrouvent grandes oubliées. Certaines sont dans l'obligation d'ouvrir des cagnottes afin de participer aux Jeux, car faute de moyens et de subventions, elles ne peuvent pas couvrir tous les frais liés à la compétition.

Oui, la situation est grave : on est encore loin de l'égalité entre les sexes dans les sports de compétition.

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© Wided Atatou, Jöna Aigouy et Jolien Maliga Boumkwo.

Les athlètes féminines sont très peu nombreuses à pouvoir vivre de leur sport

Selon une étude menée par le ministère des Sports en 2021, la part de femmes parmi les athlètes de haut niveau en France équivaut à 39%. Bien que ce chiffre soit en légère augmentation, il reste encore loin des 50%... Si la représentativité des femmes est plus faible, le salaire aussi.

Les inégalités en matière de rémunération chez des sportifs de haut niveau sont énormes. Par exemple, les joueuses de football de ligue 1 reçoivent des primes de match 10 fois inférieures à celles des hommes. Le salaire des femmes peut être jusqu'à 17 fois inférieur au salaire des hommes. Dans le rugby, les femmes ont toutes un statut amateur, donc ne perçoivent pas de salaire mensuel.

Alors forcément, quand on ne peut pas vivre pleinement de son sport, il est difficile de s'y consacrer : beaucoup ont encore un travail alimentaire en parallèle de leur activité sportive. Cela ne permet pas toujours de se payer le transport, le logement et les frais de dossier pour participer aux JO.

Un manque de reconnaissance qui entraîne un manque de subventions

En France, ce n’est qu’en 1979 qu’une femme a participé pour la première fois au marathon de Paris. Aujourd'hui, presque toutes les compétitions sont ouvertes aux femmes (et heureusement). Mais ces compétitions féminines intéressent beaucoup moins les amateurs de sport, et donc, par conséquent, les sponsors également.

Si l'audience des coupes du monde de football féminin augmente chaque année, dans les autres compétitions à plus petite échelle, l'intérêt est loin d'être le même. Alors si peu de gens le regardent, peu de marques veulent le sponsoriser.

Ce manque de représentation des femmes n'existe pas que dans le sport, malheureusement. C'est un fait de société bien plus général, qui concerne aussi la télévision, les comités de direction des grandes entreprises, les castings au cinéma (les femmes de plus de 50 ans sont totalement invisibilisées), les politiques...

Les sportives forcées de créer des cagnottes participatives pour participer aux Jeux-Olympiques de Paris 2024

Qu'elles soient françaises ou étrangères, les athlètes ont du mal à trouver les ressources nécessaires pour financer leur participation aux JO : car oui, ça va coûter cher d'être à Paris à ces dates-là. Cosmopolitan relaie le cas de Jöna Aigouy, originaire de Millau, championne de javelot et étudiante en parallèle. Elle explique en description de sa cagnotte participative nommée "Je rêve des Jeux olympiques" : "Le rêve olympique est devenu un objectif... Mais pour cela, j'ai besoin de votre aide."

Si elle confie déjà avoir revendu beaucoup d'affaires personnelles et enchaîner les missions de babysitting, elle espère atteindre son but : pouvoir monter à la capitale et concourir dans son sport de prédilection. Les 800 donateurs ont permis à la jeune femme de récolter plus de 34 000€. Objectif des 10 000€ largement réalisé !

Même histoire pour Jolien Maliga Boumkwo, multiple championne de Belgique du lancer du poids et du lancer du marteau, et conseillère financière en parallèle. Sa cagnotte nommée "Road to Paris 2024" cumule aujourd'hui plus de 6 000€.

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Alice Legrand

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