Qu’est-ce que Sniffy, cette poudre blanche à sniffer à la paille qui se vend en bureau de tabac ?
"Normaliser le fait de sniffer, c'est délirant", s'afflige la journaliste de RTL. Surtout quand la poudre est blanche et énergisante. La différence avec la cocaïne ? Elle est légale et vendue en bureau de tabac. On vous explique.
Écrit par Alice Legrand le
Vendue au gramme, cette poudre à sniffer ne serait disponible que dans "quelques dizaines d'établissements", selon la Confédération des buralistes. Elle est aussi en vente sur internet, au prix de 14,90€. Totalement légale, elle pose quand même quelques questions éthiques.
Cette nouvelle poudre blanche a été imaginée et conçue à Marseille, par le fabricant CBD Highbuy, grâce à un mélange de caféine, créatine, L-citrulline, taurine, beta alanine, maltodextrine et L-arginine (un acide aminé). Le créateur se vante que cette poudre, présentée comme un "complément alimentaire" interdit aux mineurs, soit légale, bien qu'elle vulgarise la consommation de cocaïne.
Pourquoi la composition de Sniffy inquiète les médecins ? Est-ce que cette poudre blanche aux effets énergisants est mauvaise pour la santé ?
Bernard Basset, médecin spécialiste en santé publique et président de l'Association Addictions France, explique au HuffPost que le produit n'est pas addictif dans sa composition. Ce qui pose problème, c'est sa forme, et le message qu'il véhicule : "Ce produit vient banaliser l’utilisation d’un excitant pour faire la fête et vulgarise l’univers de la cocaïne à travers un geste, ce qui est scandaleux".
Le fait que le produit soit en poudre et pas en comprimé par exemple, facilite la consommation excessive et le risque de surdosage. Le mode d'absorption par inhalation, donc par le nez, permet à la poudre de faire effet très rapidement puisqu'elle arrive directement dans le sang. Mais le risque avec cette technique, c'est qu'elle créé des lésions sur la paroie nasale.
La solution à la poudre Sniffy, c'est l'interdiction en France ?
Bonbon à la fraise, citron vert, fruit de la passion, menthe fraîche... Grâce à l'ajout d'arômes, Sniffy se décline en plusieurs goûts sucrés qui attirent les jeunes, tout comme le faisait la puff, désormais interdite. Si le geste de fumer une puff ressemble à la cigarette, le geste pour consommer le Sniffy a quelques points communs avec la cocaïne. Alors normaliser ce geste, c'est tout sauf une bonne chose.
Frédéric Valletoux, ministre de la Santé, espère pouvoir l'interdire rapidement. Samedi 25 mai, au micro de France Info, il a promis de "voir dans les prochains jours comment on peut interdire ce type de choses". Il explique ce choix par l'attirance que les jeunes peuvent avoir pour ce genre de produit : "C’est rageant de voir que finalement ceux qui, sous couvert de produits et d’un discours peu inoffensif à base de “on a le droit, ce n’est pas dangereux, c’est original”, essaient d’attirer les jeunes vers le tabac, la consommation de drogue et finalement vers la dépendance". Reste à voir quand cette interdiction sera mise en place.