Être aimée au bureau n’est pas utile à votre carrière

Est-ce que vous êtes la personne qu’on vient voir en premier pour organiser un pot de départ ou un petit-déjeuner d’anniversaire dans votre bureau ? Si oui, c’est sûrement parce que vous dites (très) souvent oui. Et, spoiler alert, c’est pas dingo, ni pour votre ego, ni pour votre carrière. 

Écrit par Clara-Douce McGrath le

Vous avez probablement déjà croisé dans votre carrière une fille comme Maéva*. Maéva, elle est adorée au bureau. Elle est connue pour toujours être prête à rendre service. Que ce soit pour prendre les notes en réunions ou organiser le prochain team building, on peut compter sur elle. Pareil pour filer un coup de main au stagiaire qui bloque sur la présentation pour le gros pitch de la semaine prochaine. Oui, mais voilà, Maéva demande une promotion depuis 2 ans et elle lui est systématiquement refusée. Pourtant, elle est essentielle à la boîte. Mais à force d’être autant appréciée, sa carrière pâtit.

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Dans un récent article sur Glamour, une journaliste est revenue sur le plus gros accélérateur de sa carrière. Et non, il ne s’agit ni d’un gros projet qui s’est bien passé ou d’un processus qui a changé la manière de travailler de son équipe. Elle a tout simplement arrêté de vouloir être aimé au bureau. Ça l’a libéré.

Pourquoi les femmes cherchent-elles à être plus appréciées au bureau que les hommes ?

Ce n’est pas une surprise, les femmes sont conditionnées dès leur plus jeune âge à prendre moins de place et à rendre service. Dès la cour de récréation, les garçons sont encouragés à prendre la place avec des jeux pendant que les filles ont tendance à s’asseoir dans les coins. Une association l’a même démontré en interrogeant des élèves de 5e en 2017. Des croyances qui se perpétuent dans le monde du travail.

Oui, parce qu’on imagine que les femmes sont plus à même de s’occuper de la vie quotidienne du bureau, ou en tout cas, plus que leurs collègues masculins. Finalement, on n’est pas si loin des poupées qu’on met dans les bras des petites filles pour qu’elles jouent à la maman. Une étude en 2014 a montré que 63% des RH étaient des femmes, parce qu’on a tendance à penser les femmes comme plus aptes à gérer les conflits et s’assurer du bien-être des équipes. Et parce qu’elles cherchent à être appréciées, quelles que soient leurs missions, les femmes cherchent à apaiser les tensions et à créer une ambiance de travail conviviale.

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Au bureau, même en 2024, on attend encore beaucoup plus des femmes qu’elles s’occupent de la vie du bureau et des équipes. Les femmes reçoivent 44% de demandes supplémentaires pour aider à l’organisation d’un événement au bureau ou pour gérer les stocks de café que les hommes. Quel que soit le milieu, les femmes acceptent de prendre des missions supplémentaires pour être appréciées. Et ça pèse sur leurs trajectoires professionnelles.

Je ne suis pas appréciée au travail, c'est grave ?

La première raison est très simple : vouloir être appréciée nous demande de travailler plus. Et pas nécessairement sur des projets qui impactent directement notre carrière. Par exemple, organiser un goûter d’anniversaire ou le petit-déjeuner d’accueil des stagiaires, c’est très utile pour la cohésion des équipes. Mais cela demande du temps (aller chercher les croissants et les chouquettes à la boulangerie), du temps que vous auriez pu consacrer à autre chose (relire le rapport du stagiaire avant de l’envoyer au client plutôt que de le faire à 19h en rentrant chez soi). Et finalement, votre promotion en fin d’année ne dépendra pas du petit-déjeuner que vous avez organisé mais plutôt de votre performance sur le projet XX.

Et il en va de même pour ce qui est de l’organisation des pots d’équipe. À force d’être toujours à l’initiative des verres de fin de journée et de la soirée de Noël, votre réputation de fêtarde vous colle aux baskets et vous ne pouvez jamais refuser un verre. Et même quand vous avez un énorme projet en cours et la flemme d’aller grelotter en terrasse, vous vous y obligez pour ne pas passer pour le rabat-joie de service. Oui, mais du coup, vous vous prenez une réflexion bien sentie de votre N+1 pendant la galette des rois (que vous avez organisé d’ailleurs) comme “ça serait bien que tu passes autant de temps sur le projet XX que sur l’organisation de la soirée de Noël, hein !”. Alors que vous venez de vous saigner pour ce projet. C’est rageant, injuste et pourtant, ça arrive souvent.

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Et puis, aider les membres de son équipe, c’est bien, et c’est même important pour le bien-être de tous ses membres. Mais point trop n’en faut. Accepter toutes les sollicitations, cela nuit aussi à votre réputation au travail. Vous faites du temps pour les projets des autres, quitte à moins bien réaliser vos missions ou donner l’impression que vous n’avez pas assez de travail. Dans les deux cas, votre avancement de carrière en pâtit. Osez poser vos limites et refuser des demandes. Le respect de votre équipe envers votre personne et votre travail n’en sera que grandi.

On se lance, et on dit non.

Une partie intégrante de ne pas être constamment préoccupé par le besoin d'être aimé est d'apprendre à dire non de manière assertive. Cela ne signifie pas être impoli ou désagréable, mais plutôt établir des limites claires et respecter vos propres priorités. Voici quelques conseils pour vous aider à dire non de manière constructive :

Définissez vos priorités : avant de répondre à une demande, prenez le temps d'évaluer si elle est alignée avec vos objectifs et vos priorités. Si ce n'est pas le cas, n'hésitez pas à dire non de manière polie mais ferme.

Offrez une alternative : si vous ne pouvez pas accéder à une demande, proposez une alternative ou suggérez une autre solution qui pourrait répondre aux besoins de la personne tout en respectant vos propres limites.

Donnez-vous du temps pour répondre : ne vous sentez pas obligée de répondre immédiatement à une demande. Prenez le temps de réfléchir à votre réponse et assurez-vous qu'elle est en accord avec vos objectifs professionnels et personnels.

Utilisez la technique du "non modifié" : si vous êtes mal à l'aise de dire non directement, envisagez d'accepter la demande tout en posant des limites claires ou en demandant des clarifications sur les attentes et les délais.

C’est toujours le premier non qui est le plus difficile, promis, ça va aller !

*Maéva n’existe pas, elle est le fruit de mon imagination et des situations que j’ai observées au cours de ma carrière.

Retrouvez plus d'articles sur le travail dans notre rubrique C'est qui la Boss ?

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C'est qui la Boss|Travail
Clara-Douce McGrath

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