Le Brésil déclare la guerre aux féminicides

Face à une crise persistante de féminicides, le Brésil passe à l’action : une nouvelle loi impose des peines allant jusqu'à 40 ans pour protéger les femmes et punir les violences de genre.

Écrit par Camille Cortot le

Au Brésil, être une femme peut coûter très cher. Dans un pays où les violences faites aux femmes battent des records, le féminicide est devenu une tragédie nationale. En 2022, une femme est morte toutes les six heures sous les coups d’un partenaire ou d’un ex.

Face à cette réalité accablante, l’État brésilien a enfin décidé de réagir, en adoptant une loi qui punit plus sévèrement les crimes de genre. Derrière cette avancée se cache une réalité brutale, un véritable cri d’alarme pour toutes ces vies détruites par la violence.

Le Président Lula da Silva, qui cherche à redresser le pays après des années de recul des droits des femmes sous Bolsonaro, a signé une nouvelle loi historique visant à criminaliser spécifiquement le féminicide. On vous explique.

La nouvelle loi brésilienne pour punir les féminicides

Le 25 septembre dernier, Lula a signé une loi qui stipule enfin des peines allant de 20 à 40 ans de prison pour les féminicides. Elle est le fruit du travail de la sénatrice Margareth Buzetti, qui se bat depuis de nombreuses années contre les violences faites aux femmes.

Ce n’est pas juste un homicide de plus : cette loi reconnaît le féminicide comme un crime à part entière, une violence spécifique motivée par le genre, trop longtemps banalisée dans une société où l’impunité régnait. Avec cette législation, le Brésil tente de franchir une étape, de montrer qu’il entend protéger ses femmes, et de clore une époque marquée par une indifférence institutionnelle face aux violences de genre.

Et ce n’est pas tout : la loi prévoit aussi des peines renforcées pour les agressions et les menaces envers les femmes et exclut définitivement de toute fonction publique les auteurs de violences de genre. Un signal fort, mais qui pose aussi des questions sur sa mise en œuvre. Car en dépit des intentions affichées, le quotidien de nombreuses femmes brésiliennes reste une lutte contre la peur, contre un système judiciaire qui peine à les protéger.

Au Brésil, les violences contre les femmes font rage

Si le Brésil prend aujourd’hui des mesures radicales, c’est bien parce que la situation a atteint un point critique. Le féminicide n’est pas un phénomène nouveau, mais il a été pendant longtemps minimisé. Sous la présidence de Jair Bolsonaro, les droits des femmes ont fait un bond en arrière, et la violence sexiste a été renforcée dans un climat de tolérance à son égard.

Pendant ces années, les statistiques sont devenues effrayantes : En 2022, une femme a été assassinée toutes les six heures et les chiffres des agressions sont en constante augmentation. Avec un taux de féminicide parmi les plus élevés au monde, le Brésil est devenu une zone de danger pour les femmes, un pays où dénoncer ne suffit pas pour se protéger.

La violence contre les femmes a pris une telle ampleur que les associations locales et les mouvements féministes crient leur colère et leur épuisement. Elles dénoncent un État qui a trop longtemps laissé les femmes seules face à leur agresseur, dans une société gangrénée par une masculinité toxique omniprésente. L’administration Lula s’efforce de reprendre le flambeau de la lutte pour les droits des femmes, mais la tâche s’annonce colossale. Combien de temps faudra-t-il pour effacer les stigmates de ces années d’impunité ?

La loi brésilienne sur le féminicide marque un tournant, un premier pas dans un chemin qui s’annonce long et complexe. Mais une loi, aussi radicale soit-elle, ne changera pas du jour au lendemain les mentalités ancrées dans un patriarcat dévastateur.

C’est bien l’ensemble de la société qui doit prendre conscience, se révolter et refuser cette violence omniprésente. Les espoirs sont là, mais les faits parlent d’eux-mêmes. Pour l’instant, chaque femme victime de féminicide nous rappelle que la route vers la justice est encore bien longue.

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