Hausse de la mortalité infantile : les lourdes conséquences des lois anti-avortement aux États-Unis

Depuis la fin de Roe v. Wade, la mortalité infantile augmente dans les États interdisant l’avortement. Privées de soins prénataux et contraintes d’accoucher, les femmes les plus précaires sont en première ligne. Une crise sanitaire qui coûte déjà des vies.

Écrit par Juliette Gour le

Depuis l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade, la santé des femmes et des enfants est en déclin constant. L'interdiction de l'avortement, aujourd'hui en vigueur dans 14 états des États Unis, a une influence directe sur les populations, souvent les plus précaires et les plus racisées. En 2024, les indicateurs ont observé une hausse croissante de la mortalité infantile et c'est un effet direct à la privation de soins prénataux. Au total, ce sont près de 23 millions d'Américaines qui sont concernées par ces interdictions et dont la santé est directement menacée.

Une étude publiée dans la revue scientifique JAMA a analysé les données liées à la mortalité infantile sur les 14 états qui interdissent l'avortement et les résultats sont sans appel : en moyenne, la mortalité a augmenté de 6% (11% dès qu'il est question d'anomalies congénitales). Pour les bébés afro-américains, on monte à 11%.

Cette dynamique, bien que dramatique, ne semble pas prête à s'inverser avec l'arrivée de Trump au pouvoir.

Des femmes obligées de souffrir en silence

La fermeture progressive des cliniques d'avortement et le coût des soins de santé aux États-Unis sont également deux facteurs aggravants. Les femmes en grande précarité n'ont pas les moyens de payer des soins adéquats et sont dans l'incapacité d'avorter - même en cas de viol ou lorsque l'enfant présente des anomalies congénitales.

S'il existe effectivement des solutions d'urgence - certaines femmes peuvent aller dans les états limitrophes pour avorter - elles ne sont pas non plus accessibles à toutes. Il faut compter entre 600 et 2600$ pour une IVG au pays de l'oncle Sam, une somme relativement importante pour les familles le plus dans le besoin. Au final, les populations les plus précaires sont obligées de mener les grossesses à terme, mettant en danger la vie des mères et celles des enfants. Sans surprise, ce sont les femmes qui paient ce lourd tribut : soit elles se mettent en danger en essayant d'avorter clandestinement, soit c'est leur santé mentale qui en paye le prix.

Vers une mise en place d'une résistance pro-avortement ?

Heureusement, certaines organisations essayent d'aider du mieux possible les femmes dans les états qui interdissent l'avortement, mais le chemin reste semé d'embûches. En début d'année, un médecin de l'État de New York a été condamné à 100 000$ d'amendes pour avoir téléprescrit des pilules abortives à des femmes texanes. En réponse à cette sanction, l'état de New York a promulgué une loi qui autorise les médecins à prescrire des pilules abortives à distance. Pour éviter les poursuites, les ordonnances peuvent être émises au nom d'un cabinet et non d'un médecin.

En 2024, ce sont 20% des avortements qui ont été réalisés grâce à la téléconsultation aux États Unis (selon la Society Of Family Planning). Une statistique qui en dit long sur la détresse des femmes habitant dans des états anti-IVG.

Cette loi new-yorkaise devrait donc théoriquement permettre à de nombreuses femmes de bénéficier d'une porte de sortie... Mais pour combien de temps ? Plusieurs États cherchent aujourd'hui à interdire l'envoi de pilule abortives par courrier ou d'en interdire leur possession. En réponse, les États démocrates garantissent désormais le remboursement des soins et élargissent la liste des professionnels autorisés à prescrire la pilule abortive, pendant ce temps, les états conservateurs qualifient aujourd'hui l'avortement "d'homicide". On est donc face à une bataille idéologique, qui pourrait éventuellement changer la situation, en faveur des plus conservateurs, mais tout ça au détriment de la santé des femmes, des enfants et des populations précaires du pays.