En France, 9 femmes sur 10 de plus de 50 ans ont peur de vieillir

La France serait-elle le pays du culte de la jeunesse éternelle ? Selon une récente étude menée par l'IFOP, les Françaises de plus de 50 ans seraient les plus insatisfaites de leur image dans la société. La faute à un âgisme qui semble se faire de plus en plus présent.

Écrit par Juliette Gour le

À l'occasion de la journée mondiale de la ménopause, [df]:l'IFOP a mené, en partenariat avec le site pharmaceutique Humasana, une vaste étude qui concerne les femmes de plus de 50 ans. Cette tranche parfois un peu boudée de la population (car biologiquement "inutile") a été questionnée pour savoir s'il faisait bon de vieillir en tant que femme en France. Il fallait s'en douter, les résultats font grincer des dents. C'est en France que les femmes de plus de 50 ans sont les plus insatisfaites et 9 femmes sur 10 semblent avoir des complexes liés à l'âge.

L'ensemble de ce phénomène est lié à un manque de représentation d'une part (difficile de trouver une actrice de plus de 50 ans qui n'a pas fait de chirurgie esthétique et qui ne joue pas des rôles de vieille marâtre), mais c'est également causé par un biais sociétal qui veut qu'une femme ménopausée n'a plus réellement d'utilité (elle ne peut plus faire d'enfants, donc à quoi bon). 

S'ajoute à tout ça une fâcheuse tendance que les hommes ont, quel que soit leur âge, à préférer une femme entre 22 et 25 ans, et on se retrouve avec toute une génération de femmes qui ne savent plus réellement sur quel pied danser passé le cap de la cinquantaine.

Une image qui se détériore avec le temps ? 

Le premier constat que l'on dresse en consultant les chiffres de l'étude, c'est que les femmes sont de plus en plus insatisfaites à l'égard de l'image des femmes de plus de 50 ans dans la société française. En 2007, 17% des femmes avouaient être insatisfaites, elles sont aujourd'hui 28% à taper du poing sur la table. Cette insatisfaction grandissante peut être liée à plusieurs facteurs. Le premier étant - évidemment - la libération de la parole sur certains sujets. Si la ménopause reste effleurée, d'autres questions essentielles, comme la sexualité ou l'âgisme, ne sont aujourd'hui plus tabous. Le fait d'en parler a évidemment permis à de nombreuses personnes de se rendre compte des choses et, logiquement, l'insatisfaction des femmes a augmenté. 

La question de l'âgisme n'est évidemment pas un nouveau sujet, mais le manque de représentation des femmes d'un certain âge dans le cinéma a tellement fait des émules ces derniers mois, que de nombreuses personnes ont compris que c'était une réalité. Car à part Catherine Deneuve, Pénélope Bagieu, Isabelle Huppert, Juliette Binoche ou encore Isabelle Adjani, rares sont les actrices d'un certain âge qui peuvent encore jouer des rôles où elles sont en position de séduction (et c'est généralement possible parce que ces actrices ne font pas leur âge). Dans l'imaginaire collectif, la femme de plus de 50 ans est une ménagère, ménopausée, qui a sûrement pris un peu de poids et qui a des bouffées de chaleur. Pourtant, 37% des femmes de plus de 50 ans se trouvent aussi séduisantes qu’avant. 

Si l'on considère que pour les hommes, vieillir a du bon, pour les femmes, c'est effectivement une autre histoire. Cette construction sociétale est directement héritée des siècles précédents, qui laissaient entendre qu'une femme n'était valable pour la société que si elle pouvait faire des enfants, et c'est pour cette raison qu'encore aujourd'hui, la ménopause est considérée comme un coup de massue par bon nombre de femmes.

Heureusement, du côté de la sexualité, tout semble aller comme sur des roulettes

Si les femmes de 50 peuvent être parfois un peu envieuses des femmes plus jeunes qu'elles, il y a un aspect sur lequel elles tirent leur épingle du jeu, et on le trouve du côté de la sexualité. Autre tabou ultime, la vie sexuelle des personnes de plus de 50 ans est pourtant bien plus palpitante que celle des jeunes de 25 ans et c'est intrinsèquement lié au fait que les femmes de 50 ans sont bien plus épanouies. 38% avouent même préférer leur vie sexuelle actuelle à celle de leurs 20 ans. Si vieillir peut créer des complexes, l'expérience permet de rattraper énormément de choses. En ce qui concerne le partenaire sexuel, deux camps s'opposent. Celles qui craignent de vieillir semblent être attirées par des hommes plus jeunes, mais majoritairement, 72% des femmes sont attirées par des hommes de leur âge.

Il est cependant important d'intégrer le fait qu'aujourd'hui, on ne vieillit plus de la même façon qu'il y a 50 ans. Si cet âge est évidemment un cap, de plus en plus de femmes font la nique aux conventions sociales et semblent bien plus en harmonie avec elles-mêmes une fois passé 50 ans. Et comme le disait Florence Foresti, la cinquantaine, ce n'est rien de plus que l'adolescence avec une carte bleue, il serait donc dommage de ne pas pleinement en profiter.

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