Doechii, entre succès et vulnérabilité : elle se confie sur sa santé mentale

Récompensée aux Grammy Awards et star des podiums, Doechii s’est imposée en quelques mois comme une figure incontournable. Dans une interview pour The Cut, elle revient sur son parcours, ses traumatismes et sa manière de transformer la musique en exutoire.

Écrit par Juliette Gour le

Depuis quelques mois, tout le monde ne parle plus que de Doechii et c'est bien normal. C'est bourrée de talent qu'elle a débarqué dans le petit monde de la musique, en ayant tout de même pris le temps d'être adoubée par Kendrick Lamar (rien que ça). Depuis, c'est l'escalade du succès : récompensée aux Grammy Awards, star du défilé anniversaire Dsquared2 pendant la Fashion Week de Milan... Tout semble sourire à la rappeuse.

Ce que le public aime chez elle, c'est évidemment son esthétique ultra léchée, mais surtout sa brutale sincérité. Elle est du genre à dire tout haut ce qui se murmure tout bas et ne se gêne pas pour jeter des pavés dans la mare.

Malheureusement, tout n'est pas toujours tout rose dans le petit monde du succès et les stars, aussi talentueuses soient-elles, ne sont pas épargnées par les problèmes de santé mentale. Doechii avait d'ailleurs évoqué le sujet dans Denial is a River, une chanson qui parle de ses traumatismes et de son rapport à la drogue. Elle a récemment approfondi le sujet dans une interview pour The Cut. Au fil du portrait, on découvre une autre Doechii, spontanée certes, mais aussi marquée par de profonds traumas, qui ont façonné son travail musical.

Harcèlement et apparition divine

Comme beaucoup d'autres enfants, la jeunesse de Doechii ne fait pas exception : elle aussi a été harcelée par des camarades malveillants. Au point où elle aurait plusieurs fois pensée au suicide. “Je me faisais harceler à un point où j’envisageais de me suicider. Mais j’ai réalisé que si je me tuais, mes bourreaux continueraient à vivre, sans leurs mots ni leurs méchancetés. Moi seule disparaîtrais.”

Elle a cependant fait le choix de retourner le problème et de se construire un storytelling qui la mettait au centre de l'histoire. Plutôt que d'être la victime, elle a fait le choix d'être le personnage principal de sa vie. En disant "Fuck that! Je suis Doechii", elle s'est sauvé la vie et a commencé à construire une légende qui l'a menée jusqu'à gagner un Grammy. Quant à son nom, c'est Dieu himself qui lui aurait donné à 12 ans. Une apparition divine qui a marqué le début de son histoire et qu'elle chérit encore aujourd'hui.

Faire de la musique pour soigner son âme

“J’aime faire de la musique pour me soigner, pour une expérience intérieure, un but personnel, et pas juste pour un algorithme.” Peut-être est-elle encore l'une des rares à être épargnée par la course commerciale (pour le moment), mais pour Doechii, la musique c'est plus que de la création, c'est une manière de soigner son enfant intérieur... et ça se ressent dans son mécanisme de création. Toujours dans The Cut, elle explique que pour créer, elle s'enferme pendant un mois en studio avec son ingénieure du son Jayda Love. On y verrait presque une forme de retraite méditative qui lui permet d'aller chercher au plus profond d'elle-même.

C'est sûrement cette honnêteté qui plaît au public. Si certains lui reprochent d'être trop crue et pas assez dans la retenue, ses fans aiment son discours sans langue de bois et son authenticité : dans un monde cruellement plastique, c'est un gage de qualité.

“Dans ma musique, je dois être brute et explicite, sinon ça me met mal à l’aise.” Cette conception est sûrement un héritage de ses années de souffrance, quand le harcèlement l'empêchait d'assumer ses choix. Aujourd'hui Doechii n'a plus envie de faire semblant et ça ne la rend que plus talentueuse.