Matcher cigarette et grossesse, toujours la fausse bonne idée

Ce lundi, en cette Journée Mondiale de sensibilisation au syndrome d’alcoolisation fœtale, Santé publique France a publié une nouvelle étude, un baromètre qui offre divers pourcentages concernant la consommation d’alcool et de tabac des femmes enceintes.

Écrit par Erine Viallard le

On pensait que la prévention sur ces deux addictions avait fait son chemin mais non, 13% des femmes fument encore durant leur grossesse. À ce jour, le chiffre de 13% s’est stabilisé, une bonne nouvelle pour la santé mais tout n’est pas gagné. Le tabac et l'alcool sont les deux ennemis du développement du fœtus et il est dur de réduire leur consommation. Un sujet de santé suivi de près, régulièrement Santé Public France actualise ses chiffres en établissant des enquêtes. Une nouvelle enquête a été menée récemment pour avoir une vision globale depuis 2021.

Au total, ce sont 1 302 mères d’enfant de 5 ans ou moins (1 609 mères en 2017) qui n’étaient pas enceintes au moment de l’enquête et 157 femmes enceintes (186 en 2017) qui ont été interrogées sur leurs consommations d’alcool et de tabac durant respectivement leur dernière grossesse ou leur grossesse en cours. L’enquête reste limitée par souci de «désirabilité sociale » sur un « sujet sensible » ou à cause de la mémoire parfois imprécise.

Le tabac, c'est tabou, on en viendra tous à bout (ou pas)

45% des femmes ont arrêté le tabac dès l'annonce de leur grossesse, une bataille de gagnée pour elles et leurs enfants mais ce n'est qu'une moitié d'entre elles. 51% de courageuses ont réduit sans arrêter totalement, ce qui est un bon début. Si cela n’a pas pu se faire, l’arrêt sera toujours bénéfique à n’importe quel moment de la grossesse, pour la future maman comme pour l’enfant. Ce n’est donc jamais trop tard. Il reste quand même 4 % qui n’ont ni diminué, ni mis un terme à leur consommation. Ce qui nous bloque à ce fameux 13% depuis 2021 : « 13 % d’entre elles déclarent avoir fumé pendant l’ensemble de leur grossesse », estime Santé Publique France.

Zéro verre d’alcool pour 9 femmes enceintes sur 10

Il suffit d’un verre d’alcool au mauvais moment dans la grossesse, pour que cela ait des répercussions sur le bébé. Plus de neuf mères sur dix d’un jeune enfant (93 %) l’ont compris et ont déclaré en 2021 n’avoir jamais bu d’alcool - plus qu’en 2017 (88%). Une privation nécessaire pour le bébé et aussi pour les mamans car l'alcool n'a jamais eu beaucoup de bienfaits. Essayons de diminuer encore ces chiffres, bien qu’ils soient déjà faibles - comme ces 7 % de femmes qui déclarent avoir bu en 2021, "ne serait-ce que quelques gorgées". 6% également, ont affirmé avoir consommé de l’alcool uniquement pour les grandes occasions et moins de 1 % plus d’une fois par mois. Face à ce constat, Santé publique France juge « important de poursuivre les efforts de prévention et d’accompagner les femmes qui pourraient être en difficulté avec la consommation de substances pendant leur grossesse, car le nombre de femmes et d’enfants concernés est loin d’être anecdotique ».

L’arrêt est primordial 

L’Assurance Maladie le rappelle, une mère qui fume double le risque de faire une grossesse extra-utérine. Le risque de faire une fausse couche spontanée est (en moyenne) triplé. Ce risque dépend de la quantité de cigarettes que l’on fume : une femme fumant plus de 30 cigarettes par jour, multiplierait ce risque par cinq. Le risque de rupture des membranes avant 34 semaines d’aménorrhée est également multiplié par trois, ce qui en fait la première cause d’accouchement prématuré chez la femme enceinte fumeuse. Mais les femmes non fumeuses ou qui arrêtent peuvent subir du tabagisme passif, qui est tout aussi néfaste à exposition régulière.

L’alcool a lui aussi des effets irréversibles sur l’enfant à naître et ce, même en buvant qu’un verre. Il risque d’avoir un retard de croissance, des atteintes du système nerveux central, des malformations… Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) est une des malformations les plus majeures. Il se traduit par des anomalies du visage, un retard important de croissance, des malformations d’organes plus fréquentes et des handicaps comportementaux et/ou cognitifs, détaille l’Assurance-maladie.

De l’aide pour toutes

Les femmes en difficulté face à l’arrêt de l’alcool peuvent contacter le 0980 980 930 et aller sur le site Alcool-info-service.fr, où elles auront des recommandations et des aides concrètes en cas de difficultés. Pour les fumeuses qui souhaitent arrêter de fumer pendant leur grossesse, le site Tabac-info-service.fr propose une aide similaire. Elles peuvent aussi appeler le 39 89 pour être suivies gratuitement par un tabacologue.

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Erine Viallard

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