Pourquoi faut-il arrêter de considérer la nourriture comme une récompense pour nos enfants ?

Aussi tenace soit cette habitude, selon un groupe de chercheurs anglais, il ne faudrait, pour préserver la santé mentale et physique des enfants, jamais associer la récompense à la nourriture. Explications.

Écrit par Juliette Gour le

"Si tu es sage, tu auras des bonbons". Derrière cette technique de chantage un peu facile se cachent les espoirs des parents, parfois dépassés, qui cherchent à tout prix une façon de canaliser leur enfant pour le rendre un peu plus obéissant. Mais malgré l'efficacité de cette technique (évidemment qu'un enfant va faire tout son possible pour avoir droit à une glace ou un McDo), se cache une très mauvaise habitude qui peut avoir de vraies répercussions sur la construction de la relation avec la nourriture pour l'enfant

Ainsi, il est temps d'arrêter de promettre un biscuit pour la patience, des bonbons suite à une bonne note ou un burger en échange d'un pipi parfaitement réalisé sur les toilettes... Il est temps de changer la carotte pour éviter de créer une association qui repose sur "une bonne action est synonyme d'une récompense gourmande".

Les Éclaireuses

Lier la récompense à l'alimentation, un premier pas vers les troubles alimentaires ? 

Cela paraît anodin (et presque bon enfant) de donner un bonbon en guise de bon point. Lorsqu'un enfant est gentil et mignon, on a envie de lui faire plaisir : quoi de mieux donc qu'une glace ou un gâteau pour faire plaisir aux petites têtes blondes ? Mais plusieurs chercheurs britanniques ont tiré la sonnette d'alarme vis-à-vis de cette habitude : dans une vaste étude, ils (les chercheurs) pointent du doigt l'association de la récompense avec l'alimentation.

Pendant deux ans, les chercheurs ont observé des enfants âgés de 3 à 5 ans qui avaient pour habitude de recevoir de la nourriture en récompense : après 2 ans, il a été noté que les enfants avaient tendance à se réfugier dans la nourriture à la moindre contrariété ou lorsqu'ils avaient une émotion un peu trop intense. Les enfants avaient fini par associer le réconfort à la nourriture et cette dernière était devenue le remède miracle pour surmonter toutes les situations un peu difficiles. Évidemment, il n'était pas question de petits pois ou de brocolis cuits à l'eau dans les encas, mais plutôt de malbouffe bien industrielle (ce qu'il y a de pire pour la santé).

Éduquer sur le goût du bon plutôt que d'offrir de la nourriture en récompense

Sauf rares exemples, dans l'absolu tout le monde aime manger, sauf que les familles ont un rapport parfois un peu chaotique avec la nourriture et les enfants : entre les parents qui forcent les enfants à finir à tout prix leurs assiettes, ceux qui privent de dessert (encore une frustration de plus) et ceux qui utilisent les sucreries comme la carotte qui fait avancer l'âne, difficile pour les enfants de construire un lien sain avec la nourriture.

Les chercheurs sont formels : les habitudes liées à la nourriture se prennent dès les premières années d'existence. Cela est valable pour la diversification alimentaire comme pour le rapport à la nourriture. L'association entre frustration et alimentation (ou corvée et alimentation dans le cas où on forcerait un enfant à finir son assiette) peut parfois paraître secondaire, mais laisse des traces indélébiles dans les esprits des enfants. 

C'est d'autant plus inquiétant lorsque l'on sait que depuis la pandémie, la proportion d'enfants obèses est en augmentation : le stress lié à la pandémie, cumulé à l'absence d'activité en extérieur a fait beaucoup de dégâts, il est donc inutile d'ajouter des frustrations sur ce cocktail explosif.

Tout l'enjeu de la régulation de l'obésité infantile et des troubles alimentaires repose sur la création d'un lien non toxique avec la nourriture et sur l'apprentissage, dès le plus jeune âge, du "bien manger". Cela passe, évidemment, par la chasse aux produits industriels et transformés, sur l'éducation à l'alimentation naturelle (et riche en légumes verts), mais, surtout, en apprenant aux enfants à se soucier du sentiment de satiété (c'est pour cette raison qu'il faut éviter de forcer les enfants à finir leurs assiettes).

Mais du coup, si on ne peut pas récompenser les enfants avec de la nourriture, on les récompense avec quoi ?

Il y a de multiples façons de remplacer les récompenses alimentaires : les gommettes, les "bons câlins", la "médaille de l'enfant parfait" (très facile à faire avec son enfant), un livre, un magazine, un petit jouet lorsqu'il a fait quelque chose de très très bien... Les idées ne manquent pas et ne sont pas plus difficiles à mettre en place qu'un bonbon

L'idéal, c'est même d'associer la récompense à un "je suis fier de toi" ou un "bravo, bien joué". Ainsi, l'enfant évitera de faire des associations matérielles à la réussite et gagnera en estime de soi et en confiance. Parce que, finalement, il n'y a rien de plus précieux qu'un "je suis fier de toi" de la part de ses parents. 

Moralité : on laisse les récompenses alimentaires aux animaux de compagnie et on préserve la santé (physique et mentale) des enfants en remplaçant les bonbons par des câlins.

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Juliette Gour

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