Les jeunes femmes paient le prix fort du sexisme ordinaire. La preuve
Les jeunes femmes sont en première ligne face à une société patriarcale qui les étouffe sous des injonctions impossibles et des violences invisibles. Pensées suicidaires, anxiété, dépression : la souffrance psychologique des femmes est alarmante.
Écrit par Camille Cortot le
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, l’Ifop et iamstrong dévoile une étude qui met en lumière une forme de violence encore trop souvent invisibilisée : la souffrance psychologique des jeunes femmes. Adolescence, post-adolescence… Ces périodes charnières de la vie sont marquées par une vulnérabilité exacerbée face aux pressions sexistes et au culte de l’apparence.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : pensées suicidaires, anxiété chronique, dépression… Les symptômes s’accumulent, reflétant les pressions constantes liées au sexisme ordinaire. Et si l'on se penche sur les raisons de cette détresse, le constat est sans appel : le genre féminin reste un fardeau dans une société encore bien trop patriarcale.
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En France, le bien-être mental devient un luxeUne détresse qui ne fait pas de bruit, mais qui fait mal
Pourquoi les jeunes femmes semblent-elles plus affectées que les hommes ? Simple : elles cumulent. Les remarques sur leur corps, les injonctions à être parfaites, et les attentes irréalistes les rattrapent au quotidien, surtout derrière leurs écrans. Résultat ? Une anxiété quasi généralisée. L’étude montre que près de sept jeunes femmes sur dix déclarent avoir traversé des périodes d’anxiété intense, contre un peu plus de la moitié des garçons.
Et ce n’est pas tout : elles sont deux fois plus nombreuses à souffrir de troubles du sommeil ou à devoir recourir aux antidépresseurs. Les conséquences physiques ne sont pas en reste : insomnies, maux de tête, douleurs inexpliquées, ces symptômes traduisent un mal-être profond et durable.
La pression du genre, un poids difficile à porter
Et lorsque l'on sort des normes imposées par la société, la situation empire. C’est ce que révèle l’étude : plus une femme s’éloigne des standards de genre traditionnels, plus sa souffrance s’aggrave. Les femmes homosexuelles ou bisexuelles déclarent des niveaux de stress encore plus élevés que leurs homologues hétérosexuelles. Quant aux personnes non-binaires ou gender fluid, elles atteignent des taux alarmants de symptômes anxieux.
Un regard dans le miroir qui fait mal
L’estime de soi, parlons-en. Chez les jeunes femmes, elle est souvent au plus bas, écrasée par les regards des autres et les standards impossibles. Se trouver belle ? Presque un luxe. Et ce manque d’estime physique déteint sur tout : les études, les relations, la confiance en l’avenir.
Près de 40 % des jeunes filles avouent ne pas se sentir capables de réussir scolairement, et la peur de l’échec est omniprésente. Quand on pense que tout est lié à cette fichue apparence, on ne peut s’empêcher de se demander : à quand une société où le corps des femmes ne sera plus leur ennemi juré ?
Un sentiment de rejet très présent
Une grande majorité des femmes avouent se sentir " écœurées " par ce qu’elles voient autour d’elles. Et on ne peut que les comprendre : entre crises climatiques, sexisme ambiant et avenir incertain, leur désillusion atteint des sommets. Ce rejet du monde actuel s’accompagne d’une envie plus marquée d’abandonner : 32 % des jeunes femmes rêvent de tout laisser derrière elles, presque deux fois plus que les garçons (17 %).
Et maintenant ?
Cette enquête met l'accent sur un mal encore trop souvent invisibilisé : la souffrance psychologique des jeunes femmes, façonnée par une violence insidieuse, quotidienne, et systémique. Oui, le sexisme tue. Parfois de façon brutale, mais souvent à petit feu, en commençant par détruire l’estime de soi, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un vide difficile à combler.
L’étude de l’Ifop nous rappelle une chose essentielle : la lutte contre le sexisme doit continuer et s'intensifier. Il est temps de prendre en compte les regards, les mots, et les attentes qui pèsent sur les femmes, et de reconnaître que ces violences, bien que silencieuses, laissent des cicatrices profondes.