Elles se maquillent pour ressembler à des Coréennes ou des Mexicaines… et on fatigue
On n'en a définitivement pas encore fini avec les tendances racistes sur les réseaux sociaux. Une nouvelle vient de faire son apparition et remporte un vif succès. Il s'agit de la tendance RCTA, pour "Race Change To Another", ou comment décomplexer l'appropriation culturelle.
Écrit par Alice Legrand le
À Boston, en début d'année, deux adolescentes ont été expulsées d'un magasin Sephora après avoir été surprises en train d'essayer du fond de teint pour peaux foncées. Elles réalisaient alors volontairement un blackface, et dans la vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on peut même les entendre faire des bruits d'animaux. Bref, scandaleux.
Certains ont répondu que "Sephora devrait vraiment mettre un âge minimum dans leurs magasins, parce que ça devient incontrôlable", en référence aux Sephora Kids, ces très jeunes filles déjà accro à la skincare, mettant même leur santé en danger.
Mais rappelons que le racisme n'est pas une question d'âge, et que les dérives peuvent venir de n'importe qui. La preuve avec cette nouvelle tendance émergente, le RCTA, qui veut littéralement dire "passer d’une 'race' à une autre". Oui, oui.
Se déguiser en personne racisée "pour rire" : une pratique de très mauvais goût
Depuis plusieurs années, on nous répète que se déguiser en se peignant la peau en noir, ce n'est vraiment pas possible. Cette pratique a un nom, le blackface, mais malgré les nombreuses dénonciations, les gens ne semblent pas comprendre.
Ils ne semblent pas saisir la gravité d'un tel acte, bien que le blackface ne soit pas répréhensible par la loi française, d'après Libération. Cette pratique est considérée comme raciste puisqu'elle renvoie aux spectacles datant du XIXe siècle appelés "minstrel shows" aux États-Unis, où des acteurs blancs se peignaient le visage en noir pour caricaturer les Afro-Américains.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, faire un blackface est considéré comme très humiliant, puisqu'ils renvoient à une volonté de se moquer et de présenter les personnes de couleurs comme débiles, soulevant une histoire difficile, empreinte d'esclavagisme et de racisme historique.
Qu'est-ce que l'appropriation culturelle ?
Si le blackface est absolument condamnable, l'appropriation culturelle est plus subtile. À la base, elle désigne l'utilisation d'éléments matériels ou immatériels d'une culture par les membres d'une autre culture. Par exemple, l'acquisition d'artefacts de certaines cultures par les musées occidentaux en est un bon exemple.
Aujourd'hui, on parle d'appropriation culturelle quand un élément d'une culture "minoritaire" est approprié par les membres d'une culture "majoritaire" ou bien jugée néocoloniale. En particulier quand cela à pour but d'imiter, de se moquer ou de vendre.
Mais alors, quand on se déguise en geisha japonaise, en Amérindienne ou en princesse Arabe parce qu'on admire ces femmes, est-ce que c'est mal ? Réponse : oui. Chaque année à Halloween, des slogans comme "C'est ma culture, pas ton costume" fleurissent, et on comprend pourquoi : les costumes relatifs aux groupes ethniques montrent rarement une appréciation de la culture. On se déguise toujours pour en rire. Et il est là le problème.
L'appropriation culturelle décomplexée : quand des influenceuses blanches se filment maquillées en Coréennes ou Mexicaines
Sur TikTok, ces derniers temps, on observe de plus en plus d'influenceuses qui montrent comment grâce au maquillage, elles ont réussi à passer de blanches américaines à Mexicaines, Arabes ou Coréennes par exemple. Sous couvert qu'elles adorent le physique de ces femmes, elles se permettent tout pour leur ressembler.
Cette trend, qui progressivement arrive en France, est tout aussi problématique que les exemples évoqués plus haut. Il s'agit d'appropriation culturelle, puisque ces jeunes femmes blanches veulent littéralement "changer de race", d'après le nom de ce mouvement, qui compte aujourd'hui plus de 400 millions de vues sur le réseau chinois.
Si certaines montrent comment rentrer leurs paupières pour faire semblant qu'elles ont les yeux bridés, d'autres s'appliquent de l'autobronzant ou du fond de teint plus foncé pour faire croire qu'elles sont latines ou africaines. On a aussi vu des filles expliquer comment culturellement elles allaient modifier leurs habitudes, en mangeant plus souvent dans un type de restaurant, ou en apprenant la langue du pays visé.
Sauf que même si ces caractéristiques sont aujourd'hui mises en avant comme étant "tendances", elles ont un jour été synonymes de moqueries ou de racisme, et c'est pour cela que ce n'est pas acceptable de suivre ce genre de mouvements. Plutôt que de continuellement chercher à se foncer ou s'éclaircir la peau, encore une fois, la clé serait peut-être enfin l'acceptation de soi.
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