Maltraitance dans les crèches : le nouveau livre de Victor Castanet fait froid dans le dos

On pourrait croire que le monde de la petite enfance est épargné par la violence, mais le dernier livre de Victor Castanet - Les Ogres - nous prouve (malheureusement) le contraire et c'est édifiant.

Écrit par Juliette Gour le

Vous pensiez que votre enfant était entre de bonnes mains lorsqu'il est à la crèche ? Le nouveau livre de Victor Castanet pourrait vous faire changer d'avis. L'auteur de la vaste enquête sur les EHPAD revient avec un nouvel ouvrage et s'attaque cette fois aux mauvais traitements que subissent les enfants dans certaines crèches. En 2022, l'auteur de "Les Fossoyeurs" avait déjà bousculé l'actualité en révélant les sévices que peuvent subir les seniors dans les maisons de fin de vie. Il réitère aujourd'hui avec la petite enfance et le traitement qu'imposent certaines crèches aux tout-petits.

"Les Ogres" est une enquête sur les crèches privées qui se vendent comme des lieux d'accompagnement de la petite enfance. Au fil des pages, on découvre que les enfants subissent des actes de maltraitance au quotidien. Motivés par une envie de rentabilité extrême, ces mauvais traitements peuvent évidemment avoir un impact sur le bien-être des enfants et c'est là que le bât blesse. Au fil des témoignages, on se rend compte que notre société n'a aucune réelle considération pour les plus vulnérables (jeunes et vieux). Punitions, humiliations, privation de nourriture, coups... La liste des sévices est terrifiante.

Dans le livre, on retrouve beaucoup de parents avec des expériences similaires, qui laissent entendre que les maltraitances ne sont pas que des cas isolés. Certains employés ont même conseillé aux parents de ne pas laisser les enfants au sein de la crèche. Ces mêmes employés ont été licenciés et remplacé, pour que la machine puisse continuer à fonctionner.

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People&Baby, le grand méchant loup de la petite enfance ? 

Si le groupe People&Baby est particulièrement pointé du doigt dans l'enquête, ce n'est malheureusement pas le seul acteur du système à avoir des pratiques discutables. Ce qui est en réalité dénoncé dans ce livre, c'est la course à la rentabilité qui pousse les crèches à économiser là où elles peuvent. On note, par exemple, que certaines directions demandent à leurs employés de ne pas changer les couches quand il s'agit d'un "petit pipi", idem pour les repas, qui sont allégés au possible pour faire des économies. Un sou est un sou.

Toutes ces pratiques seraient - selon l'auteur - liées à la recherche de "low cost" dans le service à la personne. C'est valable pour les EHPAD et les crèches (privées). L'ouverture du marché à des opérateurs privés il y a une vingtaine d'années a ouvert la porte à de nombreuses entreprises, envieuses de récupérer des marchés en tirant les coûts aussi bas que possible, mais qui dit low cost dit, par extension, moins de soin. 

Au micro de France Inter, Vincent Castanet pointait surtout du doigt les services publics qui participent à la dégradation de ce service sur l'ensemble du territoire. Même la crèche de Matignon aurait fait le choix du low cost pour réaliser des économies. Ça prouve bien que personne n'est épargné. Côté contrôle, le suivi n'y est évidemment pas et c'est pour cette raison que les actions envers les crèches maltraitantes sont assez rares.

Des signes de maltraitance qui ne trompent pas

Dans le livre, V. Castanet relèvent quelques signes récurrents qui peuvent laisser entendre que l'enfant subit des maltraitances lorsqu'il est à la crèche. Dans les témoignages des parents, les cauchemars, cris, comportements inhabituels, changement dans les habitudes alimentaires, difficultés à s'endormir, dermite sur les fesses... En somme, toutes les modifications brutales dans le comportement de l'enfant doivent mettre la puce à l'oreille des parents. S'il y a des traces de coups ou de blessures, il faut réagir rapidement et demander à un médecin d'essayer d'en estimer la cause.

Il faut également se méfier des promesses alléchantes des crèches. Certaines promettent un accompagnement en anglais, des repas bio... Rien n'est trop beau pour se démarquer de la concurrence, mais il est essentiel de faire des recherches en amont sur les capacités réelles des crèches à offrir ces services aux petits enfants, car bien souvent, pour les acteurs du secteur, l'argent est plus important que le bien-être des enfants.

Il faut maintenant s'attendre à ce que ce livre ait les mêmes répercussions que celui sur les EHPAD, qui a poussé de nombreuses personnes à se questionner sur la fin de vie.

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Juliette Gour

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