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Disney+ x Herstory

Comment la série Oussekine sur Disney+ nous plonge en 1986, à l’époque des faits ?

La série Oussekine est sortie le 11 mai dernier sur Disney+. Elle relate des événements qui se sont déroulés 35 ans plus tôt, en 1986, et qui ont conduit à la mort de l'étudiant Malik Oussekine. Comment l'équipe est-elle arrivée à plonger les spectateurs dans l'époque des années 1980 ?

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Zap, zap, zap...

Lassée de regarder la même émission chaque vendredi à la télévision, votre envie du soir se porte, comme à chaque fois, sur les plateformes de streaming !

Après avoir regardé chaque nouveau programme dans les catalogues, une nouveauté attire directement votre attention : la série Oussekine sur Disney+.

Fan des séries françaises ? Accro aux séries inspirées de faits réels ? Oussekine est la série par excellence à regarder en une soirée et elle est faite pour vous ! Ne perdons pas une minute, installez-vous bien confortablement dans votre canapé, pop-corn à gauche, télécommande à droite, éteignez les lumières et laissez-vous porter par l'histoire.

La série Oussekine est sortie le 11 mai 2022 sur Disney+. En quatre épisodes de 60 minutes, elle relate l'histoire de Malik Oussekine, étudiant de 22 ans, frappé à mort par des policiers dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris, lors de nombreuses manifestations étudiantes contre le projet de loi Devaquet.

Oussekine est une série française, créée et réalisée par Antoine Chevrollier, entouré des nombreux acteurs et de l'équipe technique et scénaristique.

Les événements qui ont conduit à la mort de Malik Oussekine se sont déroulés dans les années 1980 et plus précisément en décembre 1986, soit il y a 35 ans.

Comment le réalisateur, les équipes techniques et les acteurs ont-ils brillamment réussi à nous replonger dans le contexte des années 80 ?

Découvrons ensemble les témoignages et confidences du créateur et réalisateur Antoine Chevrollier, des acteurs Kad Merad et Sayyid El Alami, ainsi que ceux de la cheffe des décors Colombe Raby et de la créatrice des costumes Pascaline Chavanne.

Enjoy,

Les Éclaireuses

Comment le réalisateur a-t-il réussi à construire une série inspirée de faits réels ?

C'est la première fois que l'histoire de Malik Oussekine est racontée et adaptée à l'écran. Pour Antoine Chevrollier, c'était une nécessité : "Il y a une indispensabilité à raconter cette histoire. J'ai la chance de pouvoir la raconter".

Alors que le projet a enfin démarré avec la compagnie Itineraire Productions, Antoine Chevrollier explique cependant qu'ils n'étaient pas prêts à tourner tant qu'ils n'avaient pas eu l'accord de la famille Oussekine : "Peut-être où à partir du moment où le processus de fabrication de la série a été lancé avec Itineraire Productions, on n'irait pas plus loin tant que la famille, d'une n'était pas au courant et dans le meilleur des cas, nous accompagne, d'une manière ou d'une autre". C'était essentiel d'avoir leur confirmation pour débuter le tournage.

Il poursuit : "Avec eux, avec les deux frères et avec Sarah, ça a évidemment apporté une véracité, une proximité à tous nos personnages et aussi évidemment plein d'éléments un peu intimes dont je n'étais pas au courant. Et puis en creusant petit à petit, en rencontrant aussi différentes personnes autour de l'histoire et de la mort de Malik, je me suis vite rendu compte qu'en fait, la famille Oussekine était un beau socle pour raconter une page plus large de l'histoire de la famille française".

Pendant l'écriture du script, le réalisateur savait déjà que pendant le tournage des scènes, le script et les phrases allaient être modifiés, plusieurs fois : "Je travaille différemment avec chaque département. Tout d'abord, toutes les scènes sont répétées avec tous les comédiens en amont du tournage. Que ce soit des scènes à deux ou des scènes comme ce qu'on est en train de faire en ce moment au tribunal, où il y a 14 comédiens".

Il poursuit : "D'abord, dans un premier temps, ça permet d'entendre le texte. Ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, ça permet de calibrer vraiment le texte pour que quand on tourne, toutes ces questions sont désormais derrière nous et que l'on peut vraiment travailler la scène et donc proposer aussi des choses un peu différentes".

Sur le plateau, Antoine Chevrollier nous raconte la discipline et la concentration des acteurs, primordial pour lui : "Je leur demande beaucoup. Je leur demande vraiment d'être précis, impliqués évidemment, c'est la moindre des choses. Sur un point de vue plus technique, de connaître sur le bout des doigts leur texte pour encore une fois prendre de la distance avec. Mais voilà, c'est tellement beau ce qu'ils nous offrent. C'est très précieux ce qu'ils nous donnent".

Comment les acteurs sont-ils arrivés à jouer dans une telle série et ce qu'elle leur inspire ? 

Dans la série Oussekine, le jeune acteur Sayyid El Alami est l'interprète de Malik Oussekine, l'étudiant retrouvé mort dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Il se confie en se disant chanceux de jouer dans cette série : "Je suis hyper content que la série se fasse et qu'elle parle de cette série en fait, de rendre honneur à Malik Oussekine, à sa famille, pour ne pas oublier parce que ça arrive encore aujourd'hui".

Il poursuit : "Le but avec cette série, c'est de montrer la violence que Malik a subie, la violence que la famille a subie, quelle que soit la violence. À un moment donné, il faut une certaine justice et reconnaître les faits. On n'est pas là pour reproduire clairement mot pour mot ce qu'il était, mais c'est plus sa lumière, son attitude, son état, sa joie de vivre".

Pour arriver à jouer le rôle de Malik, Sayyid El Alami a dû changer sa façon de parler pour reproduire au mieux le langage de l'époque de la série, pour que son personnage soit cohérent dans le contexte de l'époque : "En tout cas, j'appréhendais le fait d'avoir une bonne élocution ou en tout cas essayer d'enlever, comme disait Antoine, cette urbanité, comme a aujourd'hui on va dire, que ce soit dans les costumes, dans le physique, dans la tenue."

Sayyid El Alami reconnaît le réel travail de retranscription des années 80 et de son personnage : "Je me sens clairement dans les années 80 avec tous les décors, les costumes, la coupe de cheveux et tout le monde autour aussi. Ce n’est pas une reconstitution et en même temps ça fait bizarre de repasser par ces rues-là jusqu'à finir dans le hall du 20 rue Monsieur le Prince, et c'est très troublant".

Il parle également du créateur et réalisateur d'Oussekine, Antoine Chevrollier, qu'il décrit comme "quelqu'un qui est très pointilleux, qui ne lâche rien, qui veut vraiment être au plus près du réel et qui sait la chance qu'il a d'être à ce poste lui aussi et il donne tout cet amour et ce travail. Antoine a créé une petite seconde famille avec ce tournage".

De son côté, l'acteur Kad Merad est l'interprète de l'avocat de la famille Oussekine, Maître Georges Kiejman. Il explique comment il a obtenu ce rôle important dans l'affaire : "C'est Antoine Chevrollier, le réalisateur, qui, avant l'écriture de la série, m'a parlé du projet et de son envie de me confier le rôle de Georges Kiejman. Donc, c'est vraiment le choix du réalisateur avec qui j'avais déjà travaillé sur "Baron Noir" notamment, donc c'est toujours plaisant de retrouver des gens avec qui vous avez eu de très bonnes expériences".

Pour Kad Merad, raconter cette histoire à travers l'image était très important, comme un devoir de mémoire : "C'est important qu'on se souvienne de cette histoire, qui avait quand même marqué beaucoup les esprits en 1986. Malik représente beaucoup maintenant et pour beaucoup de gens. Là, je trouve qu'on va raviver un souvenir. Ce n'est pas forcément un souvenir très agréable, mais en même temps, ça fait prendre conscience quand même".

Enfin, l'acteur français parle de la série Oussekine et la précision des faits retranscrits dans les images : "Vous allez avoir une série de grande qualité. C'est assez dramatique pour que ça nous tienne en haleine parce qu'on a envie de savoir, même si l'on connaît l'issue malheureusement de cette histoire, on a envie de voir comment ça s'est réellement passé, comment ce procès s'est passé et comment a vécu la famille Oussekine avant et comment ils ont traversé cette épreuve de perdre un fils ou un frère, frappé alors qu'il sortait d'un concert et qu'il n'avait rien à avoir avec la manifestation des étudiants à l'époque".

Le défi d'une époque : comment arriver à retranscrire à l'écran les années 1980 ?

C'est grâce au travail de recherche exceptionnel et brillant de la cheffe des décors, Colombe Raby, que l'époque des années 80 est aussi bien retranscrite dans la série Oussekine : "On est dans une série d'époque. On est dans les années 80. On voyage un peu aussi dans le passé, on a des flash-backs dans les années 70 et 60 aussi".

Colombe Raby nous parle de ses inspirations pour les décors de la série : "Les décors sont hyper importants parce qu’ils sont un peu comme des personnages. Chaque lieu doit aussi nous raconter quelque chose, comme chez Aïcha. J'ai parlé en fait avec un des frères, qui est Ben Amar. Je lui ai posé des questions à savoir en fait comment sa mère habitait la cuisine, comment elle était installée. Même sans Aïcha, ça devait raconter quelque chose, c'était LA cuisine en fait de cette famille. Et ça vaut avec tous les autres décors".

Colombe Raby nous explique son travail de recherche et son désir de pousser le détail jusqu'au bout afin de se retrouver plongé dans l'époque : "La plupart des journaux ont en fait changé de format. Ça, c'est une chose dont les gens ne se rendent pas trop compte mais, admettons, dans les années 80, ils sont plus grands. Maintenant, ils sont parfois plus petits. On est allé chercher les bons formats, la façon dont ils sont pliés, la façon dont ils sont coupés, parce qu'il y avait comme la "tranche", une espèce de petite dentelle".

Elle poursuit : "On était pointus à ce point, on allait chercher tous ces petits détails-là. On avait vraiment besoin de pousser à ce point pour donner en fait de la qualité aussi au projet".

De même pour la créatrice des costumes, Pascaline Chavanne, qui a dû se coller au détail près à l'époque des faits pour retranscrire une émotion visuelle et un véritable saut dans le temps : "D'abord, on a eu un gros travail de recherche, puisqu'on raconte quand même une histoire réelle donc il faut qu'on colle un minimum à l'histoire. Donc, il y a eu un très très gros travail de recherche iconographique, et puis de discussion après avec Antoine où l'on élabore en fait le look de chacun, le look psychologique de chacun des personnages".

Elle poursuit en disant que "c'était aussi un travail de fabrication de costumes parce que justement comme on devait coller à une certaine réalité mais qu'en même temps, nos acteurs ne sont pas les vrais protagonistes de cette histoire, il faut s'adapter et donc ça demande souvent des recréations donc des fabrications pour arriver à un résultat qui donne la même image, comme notamment le manteau que portait Mohamed Oussekine dans l'histoire et qui était pas mal photographié dans la presse. Mais par contre, ce type de coupe de manteau que portait le vrai Mohamed n'allait pas du tout au physique de Tewfik, qui joue le rôle de Mohamed. Donc du coup on a essayé d'élaborer, de trouver le même ressenti visuel que cette pièce de costume avait, en passant par la fabrication".

Tout au long du processus de production de la série, Pascaline Chavanne a dû gérer plus de 1000 figurants, ce qui veut dire beaucoup d'essayages et de temps de travail : "C'est un projet qui a beaucoup d'ambition et il y a énormément de figuration. On est dans les années 80, ce qui veut dire aujourd'hui, on est en 2020, il s'agit d'un film d'époque en fait, même si pour beaucoup ça nous évoque des choses, ça nous parait pas si loin, en réalité, ça n'a plus rien à voir".

Elle poursuit : "Donc il a fallu qu'on recrée tout et qu'on fasse des essayages avec tout le monde. Il y a, je ne sais pas, 1500 figurants, donc oui, beaucoup de travail. Donc ça, c'était un challenge d'arriver à créer une équipe, de "stimuler suffisamment" pour qu'on trouve un mode de fonctionnement qui aille avec le type de fabrication de la série".

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