La GenZ, la génération qui sauve le marché du livre
Si la lecture était un concours, la Gen Z décrocherait la médaille d'or haut la main. Et non, ce n'est pas une fake news : ces jeunes, qu'on pensait scotchés à leurs écrans, dévorent les livres comme jamais...
Écrit par Erine Viallard le
Qui dit Gen Z, dit image clichée : celle de jeunes âgés de 15 à 30 ans, rivés sur leurs écrans. Mais cette perception est faussée, car le numérique cache bien des secrets... Oui, ces mêmes écrans (que les jeunes utilisent en moyenne 7h07 par jour et donc les ennemis jurés par défaut des adultes) sont devenus des passerelles vers une culture littéraire. Qui l'aurait crue ?
La Gen Z redéfinit les codes de la lecture, entre librairies redécouvertes et hashtags viraux comme #BookTok, cette génération fait souffler un vent frais sur l’industrie du livre, démontrant que littérature et le numérique peuvent coexister harmonieusement.
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La Gen Z, moteur des ventes
On pourrait penser que les livres imprimés sont en voie de disparition (car même Karen s'est mise à la liseuse), mais les chiffres ne sont pas en phase avec cette idée reçue : les jeunes, contre toute attente, dominent les ventes de livres physiques - dans les dents papy.
Entre leurs 156 consultations quotidiennes du téléphone et les 231 notifications qui les harcèlent (oui, chaque jour, chaque minute), la Gen Z trouve encore le moyen de se plonger dans un bouquin. Et pas juste un feuilleté distrait : certains dévorent jusqu'à un livre par jour. Mais avant de brandir votre étendard anti-écran, sachez-le : les réseaux sociaux sont au cœur de cette révolution littéraire. TikTok et Instagram n’ont jamais été aussi efficaces pour redorer le papier.
Pourquoi cet amour pour les livres ? Pas seulement pour le plaisir de lire, non. Ici, on parle d'étagères qui ressemblent à des œuvres d'art, de bibliothèques arc-en-ciel parfaitement instagrammables, et de challenges littéraires qui transforment la lecture en compétition. Quant à emprunter un livre à la bibliothèque municipale ? Hors de question. Parce qu'un vrai lecteur Gen Z collectionne. Matérialiste, prouveur, fier de ses piles à lire soigneusement organisées, il veut du palpable, du neuf, du "ça m’appartient". Et dans cette quête, le papier ne meurt pas, il revit... avec des likes en prime.
Le marché du livre leur dit "merci"
Si les chiffres français sur la lecture se font encore rares, notre voisin britannique nous éclaire sur le sujet avec ses statistiques. En 2022, au Royaume-Uni, 80 % des ventes de livres physiques ont été réalisées par des jeunes de 18 à 25 ans, un chiffre qui a contribué à une croissance globale de +3 % des ventes. Cette passion pour le papier n'a pas de limite géographique. Aux États-Unis, la fréquentation des librairies indépendantes a bondi de 12 % depuis 2020, soutenue par une jeunesse qui redécouvre le plaisir du livre imprimé, loin de la tentation des e-books.
Les jeunes valorisent les objets pour leur esthétique. Des livres aux couvertures jolies, pour sublimer sa bibliothèque, c'est la tendance by les réseaux sociaux - qui a du bon.
BookTok : quand internet propulse la littérature
TikTok n’est pas qu’un repaire de chorégraphies et de trends éphémères. Le hashtag #BookTok cumule plus de 42 millions de publications, faisant de cette plateforme un moteur puissant pour l’industrie du livre.
L’exemple de Laura Swan, étudiante en gestion des industries créatives à la Sorbonne, en est la preuve éclatante. Sa promotion percutante de Troublemaker Tome II a séduit des centaines de milliers de lecteurs, propulsant son livre dans le top 20 des romans les plus vendus en France.
Au-delà de #BookTok, 43 % des jeunes de cette génération préfèrent se fier aux recommandations sur les réseaux sociaux plutôt qu'aux sources traditionnelles. Ce chiffre en dit long sur l'influence grandissante des plateformes dans le choix de leurs lectures. En comparaison, les milléniaux (40 %) et la génération X (38 %) privilégient encore les grandes plateformes de commerce en ligne comme Amazon pour dénicher leurs prochains livres. Quant aux baby-boomers, 32 % d'entre eux se tournent principalement vers les palmarès des meilleures ventes pour guider leurs achats, illustrant une vision plus traditionnelle de la consommation littéraire.
C'est acté, la GenZ est en train de redéfinir les codes du marché du livre.
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Des jeunes qui repensent la lecture
Pour la Gen Z, la lecture devient un moyen d’affirmer sa personnalité et de construire son image sur les réseaux sociaux. Poser avec Twisted Love d’Ana Huang, un incontournable de la romance, est une façon de dire qu'on a un un goût pour les histoires d'amour intenses et modernes, tandis qu’afficher Captive de Vanessa Fewings, un livre de dark romance, montre une sensibilité pour des récits plus profonds et complexes, souvent marqués par des thèmes sombres et intenses. De même, un ouvrage comme La Reine sans royaume de Kerri Maniscalco, une fantasy épique, peut être le reflet d’un goût pour l’imaginaire et les récits fantastiques.
Les jeunes lecteurs s'intéressent donc à diverses variétés de genres, y compris les mangas, la fiction, la poésie et la littérature engagée. Selon une analyse rapportée par El País, les titres explorant des thèmes féministes, l’égalité sociale ou l’identité rencontrent un succès croissant, reflétant ainsi les valeurs de cette génération.
L'influence des réseaux sociaux
Les recommandations d'influenceurs littéraires sur TikTok ont un impact sur les choix de lecture de la Gen Z. Comme le rapporte The Times, ces créateurs de contenus passionnés de lecture, transforment des titres méconnus en phénomènes mondiaux. Par exemple, "It Ends with Us" de Colleen Hoover est devenu un succès grâce au #BookTok.
En bref, la Gen Z prouve que lire n’a rien de ringard. Au contraire, elle transforme la lecture en une expérience digitale et sociale, où les écrans deviennent des tremplins vers la culture littéraire.